La pénurie de puces amenée à perdurer plusieurs années après 2022 ?
Selon le cabinet Roland Berger, la demande mondiale en semi-conducteurs devrait augmenter de 17 % en 2022, tandis que l'offre ne progressera que de 6 %, soit comme en 2020. La pénurie est-elle amenée à perdurer en 2023 et au-delà, pénalisant ainsi durablement la production automobile ?
Le cabinet Roland Berger estime que la pénurie de semi-conducteurs persistera au-delà de 2022, notamment parce que les constructeurs automobiles traditionnel utilisent encore massivement des technologies datant des années 1990 et 2000, dont les capacités de production augmentent peu
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Et si la pénurie de semi-conducteurs continuait à perturber la production automobile mondiale en 2022, 2023 et au-delà ? C’est ce qu’avance le cabinet Roland Berger. Dans un rapport publié en décembre 2021, il indique que cette crise qui touche l’industrie automobile depuis 2020 « devrait durer plusieurs années » à cause de « déséquilibres structurels entre l’offre et la demande ».
Ainsi, depuis 2020 la demande mondiale en semi-conducteurs augmente d’environ 17 % par an, quand les capacités de fabrication n’augmentent que de 6 %. Ces ordres de grandeur déséquilibrés devraient perdurer en 2022, et même au-delà pour les puces d’anciennes générations, datant des années 1990 et 2000, qui sont majoritairement utilisées par les constructeurs automobiles, soit 95 % des puces utilisées.
Pour Falk Meissner, associé du cabinet Roland Berger, « l’écart entre l’offre et la demande de semi-conducteurs s’agrandit de plus en plus », et il n’y a « pas d’amélioration à attendre de sitôt ». Selon lui, la pénurie persistera donc « jusqu’en 2023 et probablement au-delà » car « les augmentations de capacité annoncées ne suffisent pas à répondre à la demande ».
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Les nouveaux constructeurs automobiles moins touchés
Alors que la crise a été « déclenchée et amplifiée par le Covid-19 », peut-on lire dans le rapport de Roland Berger, ses « causes profondes » sont liées à une « inadéquation fondamentale » de la chaîne d’approvisionnement. En effet, les voitures sont « fortement dépendantes » de semi-conducteurs de technologie ancienne, dans lesquelles les fabricants investissent peu pour renforcer leurs capacités de production.Ainsi, le cabinet estime que les puces d’anciennes générations devraient rencontrer des « pénuries prolongées » pendant « plusieurs années ». Les analystes de Roland Berger écrivent toutefois que les voitures produites par les néo-constructeurs automobiles utilisent quant à elles des puces dotées de technologies plus avancées, qui bénéficient d’investissements plus importants pour augmenter les volumes de production.
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Un « défi important » pour accélérer la transformation de l’industrie automobile
Dans ce contexte, le cabinet d’études estime que les constructeurs automobiles et les équipementiers « ne doivent pas attendre que la crise se termine », mais plutôt se montrer « proactifs » pour mettre en œuvre des mesures stratégiques. Ceci alors que les investissements actuels pour augmenter les capacités de production de puces de nouvelle génération (+ 26 % entre 2020 et 2022 contre + 2 % pour les technologies anciennes) ne porteront leurs fruits que dans quelques années.Le cabinet Roland Berger préconise aux constructeurs et équipementiers de prendre « un large éventail de mesures » de court, moyen et long terme « pour répondre à la crise et se prémunir contre une autre à venir ». Les constructeurs doivent également « accélérer la transition » vers des architectures centralisées utilisant des technologies de puces avancées, tandis que les approvisionnements doivent être sécurisés avec des accords supérieurs à cinq ans entre constructeurs, équipementiers et fournisseurs de semi-conducteurs. Les analystes concluent leur rapport en indiquant que « la mise en oeuvre de ces mesures constitue un défi important » mais qu’il « accélérera à terme la transformation de l’industrie automobile ».