Le groupe Schumacher conjugue passé et avenir
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Le groupe Schumacher conjugue passé et avenir

Entre le développement des marques de prestige et l'arrivée d'un nouveau profil de collaborateurs, le groupe Schumacher a amorcé un virage en 2015. Édouard Schumacher lui insuffle un nouvel élan, tout en veillant à préserver l'héritage de son père.

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La concession Lamborghini à Puteaux (92), aux pieds des tours de La Défense

Le Mondial de l'auto 2018 a ouvert ses portes le 4 octobre avec quelques absents, mais aussi un invité surprise : le groupe Schumacher. L’opérateur francilien a en effet été désigné pour y représenter Lamborghini, marque qu’il distribue depuis octobre 2017 dans le quartier de La Défense (92). Un changement de décor et de statut qui suscite de l’excitation et, forcément, des interrogations. « Nous abordons cette expérience avec beaucoup d’enthousiasme », affirme Édouard Schumacher, président du groupe.

« Épuisant et chronophage »

« Jusqu’ici, nous avons toujours vécu le Mondial sur les stands des constructeurs, à travers une présence d’ordre commercial, poursuit-il. Cette année, nous avons une autre responsabilité. C’est à nous de fixer le cadre, avec des moyens inférieurs. Nous restons humbles, même si l’ambition est de faire aussi bien. Le projet est épuisant et chronophage. Sur place, nous serons confrontés à de nouveaux enjeux, comme l’accueil du grand public, la gestion des pics d’affluence et des sollicitations... Mais nous allons former une grande équipe et nous “éclater” à faire ce qu’aucun groupe n’a jamais fait à Paris.»

Edouard Schumacher dirige l'entreprise depuis 2007

Depuis trois ans et la prise du panneau Maserati, l’actualité du groupe est en grande partie bercée par les marques de prestige. Lamborghini, Alpine, voire Infiniti sont venues garnir son portefeuille, insufflant ainsi à l’entité un nouveau virage, après celui pris en 2010 vers le multimarquisme, mais aussi un nouveau visage. « Nous ne parlons pas encore de pôle premium ou de prestige dans le groupe. Mais si nous venions à accueillir d’autres marques de luxe*, la question des convergences des moyens à mettre en oeuvre pourrait se poser.» Pour Maserati, il s’agissait presque d’une évidence, pour les autres, davantage d’une continuité. « J’ai fait acte de candidature pour Maserati, car je suis un fan absolu de la marque, ses produits, son patrimoine, son histoire. Mais le succès doit se renouveler pour chacune des marques, avec lesquelles il faut rester intime. Nous sommes dans une démarche artisanale, dans le sur-mesure.»

55 ans de contrats avec Renault

Des considérations nouvelles, assez éloignées d’une marque « populaire » comme Renault, qui est pourtant bien celle qui caractérise le plus l’histoire du groupe familial. « Nous avons signé, début 2018, notre cinquante-cinquième contrat de distribution avec Renault, sur deux générations. Je suis très fier de notre ADN généraliste. C’est justement parce que nous avions acquis des méthodes, des compétences, un savoir-faire et construit une histoire avec ces marques que nous avons pu soutenir nos projets dans le haut de gamme. C’est une forme de reconnaissance. Et j’insiste : un client Maserati n’est pas plus important qu’un client Renault, Dacia, Fiat ou Skoda. »

2016 : reprise du site RRG de Mantes-la-Jolie (78)

Comme la participation au Mondial, cette percée dans l’univers du prestige n’est pas non plus sans risque pour le distributeur, qui doit se dévoiler davantage et affronter une exposition nouvelle. « Nous avons moins le droit à l’erreur sur ce type de projets très visibles, confie le dirigeant. Notre développement avec Lamborghini, qui englobait 5 collaborateurs, a eu plus d’échos que l’acquisition de la concession historique Renault de Mantes-la-Jolie, où travaillent 97 personnes. C’était aussi fort, voire plus symbolique. Dommage. » À travers les marques de prestige, Édouard Schumacher ouvre un nouveau chapitre du groupe familial et trace aussi, d’une certaine façon, sa propre histoire.

Pour celui qui a été propulsé précipitamment à la tête de l’entreprise à 27 ans, suite au décès de son père, la « mise à l’épreuve » est bien révolue. « Onze ans plus tard, le groupe est toujours là. J’ai d’abord essayé de le sauver avec les moyens dont je disposais alors. Dans les années qui ont suivi, que ce soit dans la stratégie ou les organisations, le schéma est resté assez proche de ce qui existait. Je n’ai jamais cherché à renier l’héritage de mon père, au contraire, j’ai d’abord voulu me l’approprier, car ça fait partie de moi. Ce serait prétentieux de dire que je dessine une stratégie ou une tactique, car dans l’automobile, on gère principalement le court terme. Finalement, le groupe Schumacher, aujourd’hui, reste très proche de celui d’il y a trente ans. Les fondamentaux, l’approche terrain, la proximité, l’ADN familial sont toujours présents.»

Le tournant de 2015

2010 : passage au mutlmarquisme, avec Fiat à Naterre (92). Suivront Jeep, Alfa Romeo, Abarth et les marques du groupe Volkswagen.

Cependant, afin de répondre aux mutations de la distribution automobile, le groupe doit se renouveler, faire sa mue. Pour le dirigeant parisien, l’année 2015 marque un tournant à ce titre. « Nous accueillons depuis trois ans des profils et compétences qui ne proviennent pas forcément de l’auto pour ouvrir de nouveaux horizons, affronter les défis qui vont mettre à mal notre modèle économique et, tout simplement, préparer l’avenir.» Un avenir dans lequel Édouard Schumacher s’engouffre en compagnie de son frère François, 29 ans, qui a rejoint l’entreprise en 2014, après avoir fait ses armes chez Renault Retail Group et RCI Bank. Il dirige aujourd’hui l’établissement de Dinan (22). « Si je devais retenir une réussite au cours de ces onze dernières années, c’est celle-ci : l’arrivée de mon frère au sein du groupe. Mon père aurait été probablement sensible à nos développements externes avec Volkswagen, marque qui a été sa grande rivale pendant de longues années, Fiat ou les marques de luxe, mais ce dont il serait le plus fier, c’est nous voir tous les deux réunis dans l’entreprise.»

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