Le groupement Peugeot adresse une lettre ouverte cinglante à PSA
Dans une lettre ouverte, Florence Gète, présidente du Groupement des agents Peugeot (Gaap), tape du poing sur la table. Les agents veulent notamment reprendre la main sur le business VO.
Georges Cousseau
En juin 2018, Florence Gète, présidente du Groupement des agents automobiles Peugeot (Gaap), ne cachait pas certaines sources de tensions avec les distributeurs de la marque au lion (L'argus n°4534). « La relation avec le constructeur est au beau fixe. Nous percevons un soutien de Peugeot et retrouvons même, chez les agents, une certaine fierté d’appartenir à la marque, chose que l’on avait un peu perdue il y a quelques années. Mais ça se passe moins bien avec les concessionnaires, dont la volonté est forte de garder la mainmise sur le business VN au détriment des agents ». Cette bataille entre les agents et les distributeurs ne datent pas d’hier mais il semble que la relation se soit encore dégradée au cours des derniers mois de l’exercice 2018, si l’on en croit le courrier adressé le 18 janvier 2019 aux dirigeants du groupe PSA. Les mots employés sont forts et témoignent d’un malaise grandissant dans le réseau, tant dans la relation avec la marque, qui n'est donc plus au beau fixe, qu’avec les concessionnaires ». « Le torchon brule », « la coupe est pleine », « le réseau d’agents est à bout », « nous ne méritons pas ce traitement! »... Pour ce début d'année, le groupement a décidé de marquer les esprits.
Des reprises VO qui fâchent

Selon ce dernier, le groupement des concessionnaires (GCAP) a « pris une position qui vise à spolier les reprises agents ». Soucieux de développer le business occasion, notamment pour compenser la perte de l’activité de vente de pièces de rechange, les distributeurs souhaitent de plus en plus garder la main sur ces VO.
« Nous ne pouvons accepter de perdre le commerce VO, que nous fassions la totalité ou seulement une partie de nos reprises. En effet, aucune disposition du contrat d’apporteur d’affaires ne s’oppose à ce que l’agent intervienne pour son propre compte lorsqu’il effectue la reprise d’un VO. Et d’un point de vue strictement juridique, la vente du VO a bien lieu entre le client et l’agent puisque le prix est bien convenu entre eux. Sans intervention de l’apporteur d’affaires dans l’acte de vente, le concessionnaire n’aurait pas accès à la reprise de toute façon. Nous ne pouvons accepter de payer 200€ de frais alors que nous assumons la totalité de nos reprises de façon indépendante. La commission moyenne d’un agent se situe aux alentours des 200€. Ceci équivaut à commercialiser gratuitement pour le compte du concessionnaire ».
Des commissions qui se réduisent
Malgré l’attractivité de la gamme Peugeot, l’activité VN ne convient pas non plus aux agents. « Nous ne sommes rémunérés et rentables sur le VN que si nous atteignons nos objectifs. Dans le cas contraire, nous perdons de l’argent, car la commission fixe est de plus en plus faible. Nous souhaitons une rémunération plus cohérente et une meilleure animation terrain », réclame Florence Gète. Les agences Peugeot de taille moyenne vendent environ 60 VN par an, un chiffre qui peut s’élever à 300 pour les plus gros acteurs. Le réseau d’agents Peugeot, au nombre de 2 000 en France, revendique 25% des volumes VN de la marque. « Il faut vendre plus chaque année, avec des objectifs qui augmentent et qui sont rarement discutés. Nous n’avons pas la main sur les immatriculations et nous subissons le bon vouloir du chef des ventes pour réaliser ou pas notre indice de performance. De plus, en ce début d’année nous n’avons plus l’accès au tableau d’aide à la détermination des quotas VN. Un outil qui permet à l’agent en toute transparence de préparer l’entretien avec son concessionnaire pour la détermination des objectifs (volume, parts de marché...). »
Procédure des commissions de conciliation
Pour toutes ces raisons, le Groupement des agents automobiles Peugeot (Gaap) annonce qu’il refuse de signer les avenants 2019, une "menace" avant tout symbolique. L'avenant, qui détermine les objectifs et la rémunération entre l'agent et son concessionnaire, est signé entre les mois de janvier et février de chaque année. « Je crains que nous soyons encore contraints d’actionner la procédure des commissions de conciliation cette année plus encore », annonce Florence Gète. Cette procédure intervient lorsqu'un agent rencontre un différend avec un distributeur.
Seul motif de satisfaction, des négociations « qui se sont bien déroulées » avec les plaques de pièces de rechange Distrigo.