Les propositions de la PFA face aux défis de l'industrie automobile
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Les propositions de la PFA face aux défis de l'industrie automobile

Alors que la guerre en Ukraine s'additionne aux difficultés liées au Covid-19 et à la pénurie de semi-conducteurs, Marc Mortureux, directeur général de la Plateforme Automobile & Mobilités (PFA), défend plusieurs propositions pour assurer un avenir à l'industrie automobile française.

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Alors que les nuages s'accumulent sur l'industrie automobile, la PFA formule plusieurs propositions pour permettre à la filière automobile française d'affronter de nombreux défis dans les années à venir

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Alors que la guerre en Ukraine désorganise un peu plus l’industrie automobile, Marc Mortureux, directeur général de la Plateforme Automobile & Mobilités (PFA), estime que les crises « s’additionnent » depuis l'émergence du Covid-19, puis la pénurie de semi-conducteurs. Résultat, « après deux années historiquement basses » pour le marché automobile français, la filière « espérait une croissance de 7 à 8 % en 2022. Mais aujourd'hui rien n’est moins sûr » affirme-t-il, estimant que « c’est du jamais-vu ». Avec la flambée des prix de l’énergie et des matières premières (acier, aluminium, nickel, palladium, gaz néon, noir de carbone…), Marc Mortureux craint « une multiplicité des sources de pénuries » qui pourraient avoir des risques accrus d’effets domino dans toute la filière. En parallèle, la « forte tension inflationniste » qui pèse sur le prix des voitures, surtout électriques, va selon lui « certainement entraîner une baisse des commandes ».
Mais, alors que ces dernières restent pour l’instant « assez élevées », les constructeurs constateraient déjà une baisse des nouvelles commandes d'environ 10 % sur les deux premiers mois de l’année. Les raisons conjoncturelles du marché baissier pourraient donc tout à fait se transformer en une tendance durable. Dans ce contexte, la PFA formule plusieurs propositions qui s’adressent autant au Gouvernement qu’aux candidats à l’élection présidentielle. Celles-ci portent sur plusieurs thèmes : l’accompagnement des entreprises pendant la crise, le retour de la compétitivité pour l’industrie française, le développement des bornes de recharge pour véhicules électriques et une transition énergétique de l’industrie plus pragmatique.

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Certaines propositions reprises par le Plan de résilience du Gouvernement

Pour parer au plus urgent, la PFA demande une prolongation du dispositif d’activité partielle longue durée, qui avait été fixé à vingt-quatre mois maximum en 2020. L’organisme représentant 4 000 entreprises françaises souhaite également relever le plafond des prêts garantis par l’État (PGE), ainsi que la possibilité de rééchelonner leur remboursement pour les entreprises en difficulté. De même, le porte-voix de la filière automobile réclame un dispositif d’aides pour atténuer les surcoûts liés à l’énergie.
Sur ces points, la PFA semble avoir été en partie entendue par le Gouvernement de Jean Castex, qui a annoncé ce mercredi 16 mars plusieurs mesures allant dans ce sens dans le cadre de son Plan de résilience à 25 milliards d’euros. Un plan destiné à aider les entreprises et particuliers à faire face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine. Le Premier ministre a notamment évoqué une aide spéciale de l’État aux entreprises consacrant plus de 3 % de leur chiffre d’affaires aux dépenses énergétiques. Le plafond des PGE est quant à lui relevé de 25 % à 35 % du chiffre d’affaires jusqu’à fin juin 2022, avant la mise en place d’un nouveau PGE à compter du 1er juillet.

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Ne pas s’enfermer dans le tout-électrique

Luc Chatel, président de la PFA
En complément, Marc Mortureux estime que la situation actuelle « plaide pour que l’Europe accélère la tendance vers une sortie de la dépendance aux énergies fossiles ». Mais elle rend toutefois « plus compliquée » la transition de l’industrie automobile vers l’électrique, qui nécessite de lourds investissements. « Le but n’est pas de changer de cap, mais de revoir les modalités de la transition vers l’électrique » poursuit-il, s’interrogeant sur la pertinence d’interdire autre chose que le 100 % électrique au niveau européen.
Le directeur général de la PFA milite donc, comme Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, en faveur d'une « clause de revoyure » en 2027 ou 2028. Sans renoncer aux objectifs du paquet Fit for 55, qui vise à diminuer les émissions de CO2 à hauteur de 55 % d’ici à 2030, celle-ci permettrait d’évaluer la pertinence d’éventuelles alternatives au tout-électrique au-delà de 2030. « Garder une mixité de technologies paraît raisonnable », ajoute Marc Mortureux car « s’engager au-delà de 2030 paraît très risqué sur les plans industriel, social et environnemental ». Le porte-parole de la filière estime en effet que « nous ne sommes pas encore au bout des innovations qui nous permettront d’atteindre la neutralité carbone ».
Dans ce cadre, pour que la filière automobile française ait un avenir, la PFA insiste, comme le disait déjà son président Luc Chatel fin 2021, sur la nécessité de créer des zones franches permettant une exonération complète des impôts de production sur un temps long, tout en baissant les charges sur les salaires. Ces mesures permettraient à la France de retrouver de la compétitivité, alors que l’Hexagone est aujourd’hui pénalisé par rapport à l'Allemagne notamment. Enfin, pour accompagner le développement des véhicules électriques, la PFA juge indispensable d’accélérer l’installation de bornes de recharge sur tout le Vieux Continent.
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