Luc Chatel (PFA). « La filière est confrontée à 3 types de tensions »
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Luc Chatel (PFA). « La filière est confrontée à 3 types de tensions »

Une semaine avant la Journée de la filière automobile (26 octobre), Luc Chatel, président de la PFA, a dressé un état des lieux des tensions auxquelles sont confrontés les acteurs du secteur, alors que s'amorce "la deuxième révolution automobile".

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Luc Chatel, président de la PFA

La deuxième édition de la Journée de la filière automobile se tiendra à la Villette le 26 octobre 2021. La Plateforme automobile (PFA), l’organisateur, attend plus de 1 000 participants lors de cet événement, qui réunira des constructeurs, des équipementiers, des TPE, PME ainsi que des start-up automobile. Les débats feront naturellement écho aux grands enjeux et problématiques du secteur : le plan industriel « France 2030 » présenté récemment par le président de la République Emmanuel Macron, la feuille de route pour la filière à horizon 2030 ou encore le défi réglementaire européen (Fit for 55). L’industrie automobile française se retrouve face à un double défi, structurel et conjoncturel.

« La gravité de la crise sanitaire qui est venue s’ajouter aux mutations que connaît l’industrie automobile fait des dégâts, soulève Luc Chatel, président de la PFA, qui a planté le décor lors d’une conférence organisée une semaine avant la Journée de la filière automobile. L’enjeu est de savoir si la France est capable d’entrer dans la deuxième révolution automobile ? Notre industrie doit relever ce défi alors que le marché accuse une chute de 20 % et que le niveau d’activité oscille entre 60 et 70 %. La pénurie des semi-conducteurs ne va pas s’arrêter et va impacter durablement la filière, c’est-à-dire encore une grande partie de 2022. Évidemment, il y a des tensions, qui sont liées au niveau de l’activité, à la capacité ou non de suivre le rythme de la mutation, et à la répercussion des hausses des matières premières et des ruptures dans la chaîne d’approvisionnement. Pour autant, nous voyons des grands équipementiers qui sont capables de coopérer dans l’hydrogène. Le Comité technique automobile (CTA), qui réunit quatre fois par an pendant une journée les patrons de la R&D de l’ensemble de la filière, sous l’égide de la PFA, n’a jamais aussi bien fonctionné. Notre devoir est de continuer à jouer collectif malgré la situation. C’est vital ».


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Des zones franches pour réduire les écarts de compétitivité

La période n’est donc pas la plus propice pour prendre le virage de la transition énergétique et la filière automobile aura besoin d’accompagnement. La PFA considère que pour « être dans le coup » il faudra injecter 17 milliards d’euros dans la filière dans les cinq ans à venir, dont 30 % émanant des pouvoirs publics. Ce montant, déjà communiqué en juillet dernier, reste d’actualité. « Ces 17 milliards d’euros couvrent des investissements dans les grands projets d’avenir, l’innovation dans les PME et des mesures en faveur de la compétitivité, car il existe encore des écarts entre la France et d’autres pays européens », détaille Luc Chatel.

Pour régler ces écarts, la PFA soutient notamment la création de zones franches consacrées aux projets d’avenir, où les sites industriels présents seraient exonérés d’impôt de production et bénéficieraient d’une large réduction des charges sociales, de l’ordre de 50 à 75 %. « Ce projet a accueilli un écho assez favorable de la part du Premier ministre et du président de la République. Nous souhaitons que la France porte ce débat pendant la présidence de l’Union Européenne. L’Europe décide d’être la seule zone économique du monde qui réglemente aussi fortement l’automobile, qui prend les mesures les plus drastiques, il est donc normal qu’elle accompagne sa filière », considère Luc Chatel. Le 1er janvier 2022, la France prendra la présidence du Conseil de l'Union européenne, et ce pour une période de six mois. 

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