Marc Bruschet : « Le dernier trimestre 2019 sera crucial pour Opel »
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Marc Bruschet : « Le dernier trimestre 2019 sera crucial pour Opel »

Pour sa dernière convention à la tête du groupement des concessionnaires Opel (GNCO), Marc Bruschet fait un point sur la marque, la politique commerciale 2020 et la distribution de pièces de rechange.

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Marc Bruschet, président du groupement des concessionnaires Opel (GNCO)

Certainement un peu ému, probablement soulagé aussi, Marc Bruschet a ouvert et conclu cette 27e convention du groupement national des concessionnaires Opel (GNCO), qui s’est déroulée sur ses terres marseillaises du 25 au 27 octobre 2019. Le dirigeant du groupe éponyme, qui avait succédé en 2016 à Jean-Louis Vergnet, terminera son mandat à la tête du groupement le 31 décembre 2019. Pour sa dernière convention en tant que président, il s'est exprimé sur la marque et les projets en cours*.

Quel regard portez-vous sur la marque Opel à ce jour ?
Marc Bruschet. La marque a retrouvé une cohérence et un plan produits à la hauteur de son héritage et de son histoire, c’est extrêmement positif.

Laurence Waldmann, trésorière du GNCO, et Marc Bruschet, président du groupement, lors de la convention qui s'est déroulée à Marseille (25-27 octobre 2019)
Et sur votre mandat, que vous avez prolongé d’un an ?
MB. Je ne devais faire que deux ans, car c’est la durée du mandat. J’ai prolongé d’un an supplémentaire car de nouvelles problématiques ont surgi suite au rachat de PSA et j’ai estimé que je n’avais pas fait le boulot. Je pars le 31 décembre 2019 et mon successeur sera connu dans les prochaines semaines.

Où en est Opel à ce jour dans l’intégration des plateformes de pièces Distrigo ?
MB. Le réseau a négocié avec la direction pièces et services de PSA France un plan d’accompagnement spécifique sur 18 mois, avec l’abondement du constructeur et des plaques. Celui-ci a été revu parce que le constructeur a décidé d’uniformiser le prix des pièces communes pour les quatre marques. Cette refonte de la grille tarifaire provoquait dès lors une diminution de la marge en valeur absolue sur le prix des pièces. En contrepartie, et afin de compenser cette perte qui n’avait pas été rentrée au départ dans les simulations, PSA nous a assuré qu’il avait majoré le plan initial. Mon intérêt est que le réseau soit accompagné dans cette transition, qui est très importante, parce que la part des pièces de rechange dans le résultat total de la concession est nettement supérieure chez Opel que dans les réseaux Peugeot, Citroën et DS.

« Le passage aux plateformes Distrigo engendre pour le réseau une perte de rentabilité »

Quand ce plan d’accompagnement va-t-il démarrer ?
Les distributeurs vont être intégrés aux plateformes de pièces de rechange Distrigo dans les prochains mois
MB. Théoriquement, il va démarrer à compter du 1er janvier 2020, à condition que le réseau bascule à cette date sur les plaques de manière uniforme et totale, ce dont je doute un peu. Il risque d’y avoir un peu d’embouteillages. Le passage aux plateformes Distrigo engendre pour le réseau une perte de rentabilité, c’est très clair. Le but de ce plan d’accompagnement est de compenser, au moins partiellement, cette baisse de rentabilité et faire en sorte que cette transition soit économiquement possible pour le réseau. Quel sera l’impact réel du basculement sur la rentabilité des affaires ? On ne le saura qu’à l’usage. Nous pourrons dresser un premier bilan financier en juin 2020.

Que va-t-il advenir du personnel dans les magasins ?
MB. Le cas de figure est différent de celui que j’ai pu connaître avec mes concessions Citroën lors du basculement sur les plateformes. A l’époque, celles-ci étaient en cours de création. Par conséquent, il leur fallait du chiffre d’affaires et du personnel qualifié pour fonctionner. Ce personnel qualifié était dans nos affaires et il n’y a donc pas eu de drame social à cette époque. Les plateformes étant déjà solidement installées, la reprise du personnel par celles-ci risque d’être partielle. Dans ce volet social, le problème concerne davantage les magasiniers que les vendeurs itinérants.

La rentabilité du réseau Opel s’affiche à 0,6%. Comment évolue-t-elle ?
MB. En 2018, nous avons réalisé un très bon second semestre, grâce notamment aux opérations menées par la marque. Cette rentabilité de 0,6% est plutôt une bonne nouvelle au regard du 0,3% affiché en 2017, mais ce résultat doit être aussi mis en relief par rapport à un très mauvais premier semestre 2018, où nous n’avions pas sorti les volumes. A fin septembre 2019, nous serons vraisemblablement toujours autour de 0,6%. C’est surtout le dernier trimestre qui sera crucial pour nous.

« Le dernier trimestre sera certainement très technique »

L'Opel Karl n'est plus proposée dans le catalogue du constructeur depuis le mois de septembre 2019
Justement, comment appréhendez-vous cette fin d’année ?
MB. Nous sommes confrontés à deux problèmes concernant les ventes aux particuliers : une transition difficile entre l’ancienne et la nouvelle Corsa, et la disparition des volumes additionnels que procuraient depuis le début de l’année les Karl et Adam (les deux modèles ont quitté le catalogue fin septembre). Sur neuf mois, ces deux modèles pèsent 22% des ventes aux particuliers. Nous pouvons surmonter ces problématiques, et ce sera certainement très technique.

Où en êtes-vous de cette nouvelle grille de rémunération évoquée en début d’année 2019 ?
MB. Le 1er octobre 2019, nous sommes rentrés dans la politique commerciale 2020. Nous avons en quelque sorte devancé l’appel, ce qui nous permettra de dresser un premier bilan en fin d’année et de pouvoir, si nécessaire, faire des ajustements avec le constructeur. Concrètement, les marges sur facture sont réduites en faveur des marges sur les performances, commerciales et de qualité. Mais nous ne sommes pas encore dans cette mécanique des prérequis pour les marges variables que nous aurons à partir du 1er janvier 2020, et qui reposeront à la fois sur les livraisons de véhicules électriques et sur le mix énergétique essence-diesel.

Xavier Duchemin, directeur général des ventes, après-vente et marketing d’Opel, a jugé que les frais fixes étaient trop importants dans les concessions Opel en France. Que répondez-vous ?
Entre 12 et 15% du territoire national n'est pas couvert par la marque Opel
MB. L’origine du décalage au niveau des frais fixes entre la France et les autres pays européens s’explique en grande partie par nos structures immobilières, qui ont été calibrées pour un objectif de 6 à 7% de part de marché, que l’on atteignait à la fin des années 90. Or, depuis plusieurs années, nous sommes plutôt entre 3% et 3,5%. Il va donc être extrêmement difficile de réduire de manière très sensible les frais fixes. Je ne peux pas couper mon bâtiment à la tronçonneuse. Nous avons tous des gains à générer, c’est une évidence, mais ils seront marginaux.

Les concessions trimarques peuvent constituer une réponse ?
MB. Cela peut y répondre mais ce type de projet doit surtout concerner les zones où Opel n’est pas encore implanté. Nous avons à ce jour un trou dans la raquette de 12 à 15% du territoire national.

*Marc Bruschet a répondu aux questions d’Autoactu, d’Auto Infos, du Journal de l’Automobile et de L’argus à l’issue de la convention