Navya, la start-up qui a su vite rencontrer son marché
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Navya, la start-up qui a su vite rencontrer son marché

La société française, qui n'a que 6 ans d'existence, exporte déjà ses navettes autonomes. Elle a pourtant décidé cette année d'enclencher la vitesse supérieure, en passant de l'expérimentation à une phase de commercialisation.

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Depuis 2014, le véhicule autonome en tant que tel de Navya n'a pas évolué. La vision du fondateur Christophe Sapet était très précise dès le démarrage de la société

Il a suffi d’un seul événement pour que tout bascule. En octobre 2015, à Bordeaux, lors de l’ITS World Congress (un rendez-vous international consacré au transport intelligent), a eu lieu la présentation en première mondiale d’un véhicule sans poste de pilotage, Arma. Cette navette autonome, premier produit dérivé de Navya, était l’aboutissement d’un pari fou, lancé un an plus tôt.

« Autonome, électrique, partagée »

Le nom de cette start-up française est né du rachat par Christophe Sapet et un investisseur, en juin 2014, d’une société en liquidation, Induct, spécialisée dans les véhicules autopilotés. « Ce binôme avait déjà une vision assez claire, à savoir la volonté de pouvoir être présent rapidement sur le marché en proposant des solutions de mobilité autonomes, électriques et partagées, raconte Jérôme Rigaud, directeur général délégué, responsable des opérations de Navya. C’est ce qui est arrivé en seulement quinze mois. C’était un très gros défi de concevoir un produit de la sorte dans un délai aussi court, ce qui comprend également le développement d’un système de navigation autonome, la création en parallèle d’une offre de services (formation, mise à jour de logiciels, maintenance, déploiement), la mise en situation à travers des tests, etc. » Les fondateurs de la start-up avaient une idée précise hier de ce qu’elle devait proposer aujourd’hui aux utilisateurs, à savoir un système sans conducteur capable de desservir une ligne sur un parcours déterminé de façon autonome, sans infrastructure.

Cette nouvelle expérience pour le grand public n’a pas effrayé un client en Suisse, qui a acheté la toute première navette, l’Autonom Shuttle, en novembre 2015. « Une simple démonstration a suscité l’intérêt de ce transporteur suisse. Et tout s’est enchaîné depuis. Notre projet rencontrait alors un besoin précis dans le secteur public, désireux de tester rapidement de nouvelles solutions de mobilité », indique le dirigeant.
Cet alignement des planètes n’était donc pas une surprise pour le fondateur Christophe Sapet, qui avait prévu cette demande. Se confronter directement à la réalité du terrain a donc été porteur, puisque 160 navettes sont aujourd’hui en circulation dans une vingtaine de pays en Amérique, en Europe et en Asie. En 2017, elles n’étaient que 50...

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Communication forte

La société emploie 280 collaborateurs sur trois sites dans le monde, un dans le Michigan, aux Etats-Unis, un autre à Lyon (siège) et le dernier à La Défense, au nord de Paris, qui a pris la forme d’un centre de R&D. Elle a enregistré en 2019 un chiffre d’affaires de 15 M€. Navya estime avoir su se construire sur « le bon tempo », avec d’abord une première phase d’expérimentation de trois ans, s’appuyant sur une communication très forte pour toucher les acteurs internationaux. Depuis 2019, une tendance se confirme : Navya bascule peu à peu vers le stade opérationnel, c’est-à-dire l’intégration de ses navettes et de ses services dans un réseau de transports d’une ville, conjointement avec des modes traditionnels, autobus ou tramway.

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« Nous proposions de vendre des véhicules pour effectuer plusieurs tests dans différentes villes, avec des cas d’usage particuliers, sur un temps donné de plusieurs années, comme à La Défense, où les tests viennent de s’achever. Nous voulions alors accompagner les clients et les aider ensuite à opérer le service. Les clients sont, là encore, au rendez-vous pour créer un nouvel écosystème », ajoute Jérôme Rigaud.

Navya s’est ainsi installée dans la zone d’activité du Groupama Stadium, à Lyon, pour desservir le dernier kilomètre (hors période de match de l’Olympique lyonnais), en partenariat avec l’opérateur privé de transport public Keolis. Mais il y a d’autres projets concrets, comme au Japon, dans la ville de Sakai, où Navya a obtenu l’autorisation de rouler sur route ouverte. « C’est une première et nous allons, j’en suis sûr, augmenter notre flotte rapidement dans cette région », espère le directeur délégué.

Contrôle à distance

Cette année, le challenge pour cette petite société est d’ouvrir pleinement son business model, avec la disparition de l’agent de sécurité à bord : « Il s’agit de mutualiser les coûts, avec une seule personne pour assurer la maintenance de plusieurs lignes, le poste humain étant le plus lourd financièrement. C’est très attendu par les opérateurs, forcément. » A noter que la loi d’orientation des mobilités (LOM) autorise désormais le contrôle à distance pour des véhicules de ce type. Navya, qui a participé aux discussions avec les pouvoirs publics, assure que la France est « un pays à la pointe au plan juridique pour permettre le développement de ces solutions ». La start-up lyonnaise a encore de belles pages à écrire.

Navya en 2019, c’est...

  • 2 usines, à Lyon et dans l’Etat du Michigan, aux Etats-Unis.
  • 280 collaborateurs.
  • 160 véhicules en circulation.
  • 3 accords stratégiques avec Valeo, Keolis et Axa.