Pénurie de magnésium. L'ACEA s'inquiète pour l'industrie automobile
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Pénurie de magnésium. L'ACEA s'inquiète pour l'industrie automobile

Une pénurie en cache une autre. Outre la tension sur l'approvisionnement en semi-conducteurs, l'industrie automobile pourrait bientôt souffrir d'une pénurie de magnésium, matériau indispensable à la production d'aluminium provenant principalement de Chine. L'ACEA alerte l'Union européenne.

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Sans action urgente des autorités européennes, les industriels devraient manquer de stocks de magnésium d'ici à fin novembre, ce qui entraînerait de nouvelles perturbations de production ou des fermetures d'usines

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[Mise à jour du 27/10/2021] Le vendredi 22 octobre, l’Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA) a lancé, aux côtés d’autres fédérations d’industriels, un « appel urgent » aux autorités européennes. Il s’agit de mettre en garde l’UE contre un « risque imminent d’arrêts de production à l’échelle européenne » qui serait la conséquence d’une « grave pénurie d’approvisionnement en magnésium en provenance de Chine ».
Ce « matériau d’alliage clé », qui est « largement utilisé dans l’industrie métallurgique », sert à produire du fer, de l’acier ou encore de l’aluminium, soit des matériaux indispensables notamment aux constructeurs automobiles, déjà malmenés par la crise des semi-conducteurs. Cet appel auquel l’ACEA est associée réclame « une action urgente de l’Union européenne » car ce problème, s’il n’était pas résolu, menacerait « des milliers d’entreprises à travers l’Europe », mais aussi « l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement et les millions d’emplois qui en dépendent ».

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Un approvisionnement très réduit depuis septembre 2021

En une trentaine d'années, la Chine s'est imposée comme le principal fournisseur mondial de magnésium.
Alors que 85 % de la production mondiale de magnésium est assurée par la Chine, « l’Union européenne est presque totalement dépendante de la Chine (à 95 %) pour ses besoins d’approvisionnement en magnésium ». Malgré la décision, annoncée le 18 octobre, d’augmenter de 6 % la production nationale de charbon pour alimenter les centrales électriques (ndlr : 60 % de la production chinoise d’électricité est assurée par les centrales à charbon), les autorités chinoises sont amenées à prendre des mesures destinées à diminuer la consommation électrique pour tenter de juguler les pénuries qui entraînent de nombreuses coupures de courant. Parmi ces décisions figure l’injonction aux fonderies productrices de magnésium – une industrie très énergivore – de suspendre leurs activités.
Les associations d’industriels européens indiquent ainsi, dans leur communiqué commun, que « l’approvisionnement en magnésium en provenance de Chine a été soit interrompu, soit considérablement réduit depuis septembre 2021 », ce qui a entraîné « une crise d’approvisionnement internationale d’une ampleur sans précédent ».

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Des prix cinq à sept fois plus élevés qu'en début d'année 2021

Le déficit d’offre a « déjà entraîné des prix records et des distorsions mondiales dans la chaîne d’approvisionnement ». Les importations de magnésium se négocient aujourd’hui « à des prix exorbitants », cinq à sept fois plus élevés qu'au début de l'année 2021. L’ACEA évoque des prix allant de 10 000 à 14 000 dollars pour un million de tonnes, contre 2 000 dollars plus tôt cette année.
Dans ce même communiqué alarmant, les industriels européens estiment qu’ils devraient manquer de stocks de magnésium d’ici à fin novembre, ce qui devrait entraîner de nouvelles pénuries de production, voire des fermetures d’entreprises, sans épargner les constructeurs automobiles. Ils appellent ainsi la Commission européenne et les Gouvernements nationaux européens « à œuvrer de toute urgence » pour mener des « actions immédiates » visant à « atténuer le problème de pénurie critique à court terme », mais aussi « les effets d’approvisionnement à plus long terme sur les industries européennes ».

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Les syndicats allemands réclament des mesures urgentes

Selon l'Agence allemande des ressources minérales (DERA), le prix du magnésium a explosé depuis le mois de septembre 2021.
De leur côté, les syndicats allemand du secteur sidérurgique demandent à leur Gouvernement d’engager en urgence « des pourparlers diplomatiques avec la Chine », mais aussi de prendre des « mesures efficaces » en collaboration avec l’Union européenne pour éviter que la situation ne se reproduise à l’avenir. Craignant « une situation similaire » à celle causée par la pénurie de semi-conducteurs, ils confirment que les réserves actuelles de magnésium seront épuisées « dans quelques semaines, au plus tard fin novembre 2021 » en Allemagne et en Europe. Selon eux, toute la chaîne de valeur de l’aluminium est touchée, et des industries comme celle de l’automobile sont sous la menace de « pertes de production massives ».
Les syndicats d’outre-Rhin ajoutent que la Chine est en situation de quasi monopole avec le contrôle de 85 % de la production mondiale, tandis que « 45 % des exportations chinoises sont destinées à l’Europe », alors que la production européenne de magnésium a été abandonnée en 2001 « pour diverses raisons ». Ainsi, l’industrie européenne est dépendante de la Chine à 95 % en ce qui concerne le magnésium, qui figure pourtant sur la liste des matières premières critiques de l’Union européenne depuis 2017.