Pénurie de puces. Vers une aggravation avec la guerre en Ukraine ?
Les conséquences de la guerre en Ukraine s'annoncent multiples, notamment pour l'industrie automobile. Le pays produit en effet 50 % du volume mondial de néon et 40 % du krypton, deux gaz indispensables à la fabrication de semi-conducteurs. La pénurie de puces pourrait donc s'amplifier.
Le gaz néon, utilisé dans le processus de gravure des puces, se montre indispensable pour les fabricants de semi-conducteurs
DR
L’industrie automobile risque de subir de multiples conséquences de la guerre en Ukraine. Parmi les répercussions indirectes se dessine une potentielle aggravation de la pénurie mondiale de semi-conducteurs. L’Ukraine produit en effet 50 % du volume mondial de gaz néon purifié – un sous-produit de la fabrication de l’acier – et 40 % de celui du krypton. Cette spécificité remonte au temps de l’URSS, quand les aciéries russes envoyaient en Ukraine les gaz bruts issus de la fabrication de l’acier pour qu’ils y soient purifiés.
Or ces deux gaz sont utilisés dans le procédé de lithographie, qui consiste à graver le schéma d’une puce sur une galette de silicium, ou encore dans les processus d’ionisation de surface… Et de nombreux fabricants majeurs de semi-conducteurs, dont le géant taïwanais TSMC, se fournissent habituellement en Ukraine !
À LIRE. Guerre en Ukraine. Quels enjeux pour le secteur automobile ?
Odessa, capitale du gaz néon
Menacée d’invasion par l’armée russe, la ville ukrainienne d’Odessa est considérée comme la capitale du gaz néon purifié. La société Cryoin, spécialisée dans la purification du gaz néon brut, a par exemple arrêté sa production par mesure de sécurité dès le début du conflit, le 24 février. Le 28 février, le média américain Wired était le premier à alerter sur le risque « d’une autre pénurie mondiale de puces », qui risquerait de pénaliser de nombreux secteurs, dont l’industrie automobile. Par ailleurs, Wired rappelle que, lors de l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, le prix du gaz néon avait bondi de 600 %.Les fabricants de semi-conducteurs cherchent donc des solutions alternatives pour pouvoir continuer à s’approvisionner en gaz néon, notamment via la Chine, sachant que 20 % des approvisionnements du néerlandais ASML proviennent d’Ukraine et de Russie. Mais cette proportion atteindrait plutôt 80 à 90 % pour les entreprises américaines.