Pénurie de puces. Vers une sortie de crise en 2023 ?
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Pénurie de puces. Vers une sortie de crise en 2023 ?

Alors que l'UE et les États-Unis doivent investir massivement dans la relocalisation de la production de semi-conducteurs, la pénurie continuera d'impacter l'industrie automobile en 2022. Mais les constructeurs se montrent plus optimistes que les fabricants sur le calendrier de sortie de crise.

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AutoForecast Solutions estime que 7 millions de véhicules ne seront pas produits en 2022 à cause de la pénurie de composants électroniques

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Après une année 2021 fortement perturbée, la pénurie de semi-conducteurs continue de pénaliser l’industrie automobile en 2022. Selon AutoForecast Solutions, la pénurie a empêché la production de plus de 11 millions de véhicules dans le monde en 2021 et devrait encore avoir un impact sur environ 7 millions d’unités en 2022, soit au moins 18 millions en deux ans. En septembre dernier, AlixPartners chiffrait le manque à gagner pour l’industrie automobile à 210 milliards de dollars pour l’année 2021.
Sam Fiorani, vice-président en charge de la prévision mondiale chez AutoForecast Solutions, estime ainsi que « la pénurie de puces est toujours un problème » et que celui-ci ne peut pas se résoudre « rapidement ».

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Au moins 1 million de véhicules non produits en 2021 pour plusieurs constructeurs

En septembre 2021, AlixPartners chiffrait à 210 milliards de dollars le manque à gagner des constructeurs automobiles lié aux perturbations de production.
Selon les données du cabinet de prospective LMC Automotive, le constructeur à avoir été le plus touché en 2021 est Ford, avec environ 1,25 million de véhicules non produits. De même, LMC Automotive chiffre à 1,15 million le manque à produire du groupe Volkswagen, contre 1,1 million pour General Motors et Toyota, ou encore 1 million pour Stellantis. En revanche, les constructeurs asiatiques, notamment chinois et coréens, ont été moins impactés que leurs concurrents occidentaux car ils sont plus proches des principaux fournisseurs mondiaux comme le taïwanais TSMC, et utilisent un mode de fonctionnement généralement plus intégré.
Alors que les entreprises spécialisées dans la conception de composants électroniques ont commencé à délocaliser en Asie leur production à partir des années 1990, l’Europe ne représente aujourd’hui que 10 % de la production mondiale de semi-conducteurs et les États-Unis plafonnent à 12 %. Même si elle compte plusieurs acteurs importants comme ASML, NXP, Infineon ou STMicroelectronics, l’Europe apparaît toutefois doublement dépendante, vis-à-vis des principaux concepteurs américains de puces et vis-à-vis des producteurs asiatiques.

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Plusieurs dizaines de milliards d’investissements

LMC Automotive chiffre à 1,15 million le nombre de véhicules non produits par le groupe Volkswagen, faute de puces en nombre suffisant.
L’Union européenne dévoile certes, ce mardi 8 février, un plan d’investissement de 43 milliards d’euros pour multiplier par quatre la production de semi-conducteurs sur le Vieux continent d’ici 2030, pour emboîter le pas aux États-Unis qui comptent faire de même sur leur sol en y consacrant un budget de 52 milliards de dollars (environ 45 Mds €). Mais ces investissements ne porteront leurs fruits que dans plusieurs années.
Pendant ce temps, le marché mondial des semi-conducteurs, qui s’élève à 600 milliards d’euros en 2021, pourrait atteindre 1 000 milliards d’ici 2030. Et si le géant américain Intel compte investir 100 milliards sur dix ans pour de nouvelles capacités industrielles en Europe, TSMC a prévu d’injecter 36 milliards d’euros dans ses propres installations sur la seule année 2022.

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Les avis divergent entre les constructeurs et les fabricants de puces

Pour relocaliser la production de semi-conducteurs sur leurs territoires, l'Union européenne et les États-Unis comptent investir plusieurs dizaines de milliards d'euros.
En attendant, les constructeurs automobiles se montrent globalement plus optimistes que les spécialistes du semi-conducteurs quant au calendrier de sortie de crise. Les américains General Motors et Ford estiment ainsi que les pénuries de composants électroniques devraient diminuer à partir du deuxième semestre 2022, tandis que Hyundai évoque le troisième trimestre. Mais des fabricants tels que NXP ou Infineon estiment que la pénurie continuera à persister malgré les augmentations de production. Le cabinet LMC Automotive estime de son côté, tout comme Tesla ou Volkswagen, qu’il faudra patienter jusqu’à 2023 pour un retour à la normale. Quant à STMicroelectronics, l’entreprise franco-italienne indique que la construction d’une nouvelle usine de semi-conducteurs demande deux ans, puis deux autres années pour une montée en cadence vers une production maximale. Ce qui porte à 2025 l’échéance pour obtenir une augmentation majeure des capacités de production.
En attendant, AutoForecast Solutions chiffre à 370 500 le nombre de véhicules déjà non produits depuis le début de l’année 2022. Les constructeurs multiplient quant à eux les partenariats avec des spécialistes du composant électronique pour sécuriser leurs approvisionnements à l’avenir, à l’image de Renault avec Qualcomm. Ils cherchent également à concevoir eux-mêmes les futurs logiciels embarqués dans leurs voitures pour viser de nouvelles sources de revenus, à l’image de Stellantis.
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