Peugeot. Interview de Linda Jackson, directrice générale de la marque
Nommée en janvier 2021 directrice générale de Peugeot, Linda Jackson récupère une marque en forme sur le marché européen. Sa mission sera de diffuser ce succès à l'international, en particulier en Chine, où la marque au lion repart presque de zéro. Entretien.
Linda Jackson, directrice générale de Peugeot
JEAN-BRICE LEMAL
L'argus. Quelle est la place de Peugeot dans Stellantis et quel positionnement souhaitez-vous insuffler à la marque ?
Linda Jackson. Déjà, Peugeot est en bonne santé. Ensuite, Jean-Philippe Imparato, mon prédécesseur, a réalisé un travail formidable de positionnement de la marque, notamment en Europe. Peugeot est désormais perçue comme une marque haut de gamme mais qui a conservé son caractère généraliste et accessible. Quand nous regardons les quatorze marques de Stellantis, elles possèdent toutes un positionnement clair, distinct, et c’est particulièrement vrai pour Peugeot. Mon travail est de poursuivre cette stratégie de montée en gamme, en ligne avec les valeurs de la marque qui sont l’excellence, dont la performance avec le label Peugeot Sport Engineered (PDE), l’allure, tant intérieure qu’extérieure, et l’émotion.
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Cette montée en gamme peut-elle aller de pair avec une croissance des volumes à l’échelle mondiale ?
Oui, évidemment, nous avons continué de gagner des parts de marché ces dernières années tout en amorçant cette montée en gamme. Nous avons créé de la valeur pour nos clients. La marque est en bonne santé en Europe, nous devons maintenir cette position mais désormais l’enjeu est de pousser nos ventes à l’international. C’est certainement mon objectif le plus important. Il va falloir tout d’abord développer une gamme de voitures globales. Par exemple, la Peugeot 208 est notre fer de lance en Europe mais aussi en Amérique Latine. Mais nous souhaitons également développer des modèles spécifiques sur certains marchés afin de pouvoir en explorer les opportunités. Je pense, par exemple, au pick-up Landtrek, que Peugeot propose en Amérique latine et en Afrique Moyen-Orient. Ce segment, qui n’existe pas en Europe, représente 50 % du marché des véhicules utilitaires dans le monde. L’Amérique latine et l’Afrique Moyen-Orient sont stratégiques pour contribuer à la croissance future de Peugeot à l’international. S’y ajoute également la Chine, où nous sommes en phase de reconstruction. Nous allons y lancer cette année le SUV 4008, qui n’est pas un nouveau modèle puisqu’il s’agit d’une déclinaison du 3008.
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Le retour de Peugeot aux États-Unis est-il définitivement abandonné ? Un retour en Iran est-il de nouveau envisageable avec l’arrivée du nouveau président des États-Unis, Joe Biden ?
Plusieurs marques au sein de Stellantis sont déjà bien installées aux États-Unis (Chrysler, Jeep, Dodge, Ram), par conséquent il me semble bien plus opportun de concentrer le développement de Peugeot sur les régions Amérique Latine, Afrique Moyen-Orient et la Chine. Concernant l’Iran, qui a été par le passé un marché très important pour Peugeot, un retour n’est pas d’actualité pour nous à ce jour, car cela dépend de tellement de gouvernements.
Quelles sont les conséquences de la pénurie de semi-conducteurs sur la production et les délais de livraison ?
Peugeot est confronté à cette crise au même titre que tous les autres constructeurs automobiles. Nous pilotons jour par jour, usine par usine, pour trouver la solution la plus efficace pour le client et livrer les voitures dans les meilleurs délais. Derrière chaque crise, il nous faut trouver une réponse. L’an passé, nous avons, par exemple, développé des outils digitaux qui permettent aux clients d’acheter une voiture en ligne. Depuis un an, il ne se passe pas un jour sans qu’une annonce arrive et plombe le marché. Dorénavant, c’est le canal de Suez qui est bloqué. Nous avons mené une enquête à ce sujet et il en ressort que ce blocage n’a pas d’incidences significatives sur l’activité de Peugeot.
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