Peugeot Saga Automobiles, les sacrifices ont du bon
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Peugeot Saga Automobiles, les sacrifices ont du bon

Longtemps sous perfusion économiquement parlant, le distributeur Saga Automobiles est aujourd'hui une petite entreprise familiale rentable à la gestion stricte. Le groupe, qui vient de fêter ses 90 ans, continue de se projeter avec la 4e génération et le groupe Stellantis.

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Le P-DG de Saga Automobiles Thierry Talbot, entouré de ses deux fils, Jean-Mathieu, directeur général de Saga Automobiles (à gauche) et Pierre-Olivier, directeur général de Autodistribution Talbot

Saga Automobiles

Un concert surprise de Patrick Bruel sous chapiteau, sur le parking d’une concession automobile Peugeot dans la petite ville de Thouars, dans les Deux-Sèvres, et devant un parterre de 950 convives, ça en jette ! C’est le cadeau que s’est offert Thierry Talbot, le 9 septembre 2021, pour fêter les 90 ans du groupe Saga Automobiles qu’il dirige depuis 1991.

Patrick Bruel en concert chez Saga Automobiles
Soirée 90 ans de Saga Automobiles

Il s’agissait non seulement de célébrer cette entreprise familiale et son chemin parcouru entre dilemmes, joies et peines, mais aussi de remercier les clients et les partenaires les plus fidèles, qui ont cru ou continuent de croire en ce petit distributeur, une exception depuis des années : un seul contrat Peugeot de 650 VN, 3 sites à Thouars (79), Parthenay (79) et Loudun (86), 65 collaborateurs et 30 millions de chiffre d’affaires. D’autant plus qu’il est entouré de poids lourds comme Emil Frey, Gémy, Dubreuil, etc, qui trustent le marché auto régional. Entre une De Dion-Bouton et 4 véhicules Peugeot électriques et hybrides exposés en ce jour de fête, l’histoire est belle, l’histoire est longue, et mérite qu’on s'attarde.

L’entreprise a été créée en 1931 par les grands-parents de l’épouse de Thierry Talbot, René et Jeanne Géront, qui sont devenus tour à tour concessionnaires exclusifs des marques automobiles Rosengart, Licorne, puis au bout de plusieurs années, Simca et Talbot (hasard total, qui n’a strictement rien à voir avec le nom de famille) et enfin Peugeot, au moment où le constructeur a décidé de fusionner tous ses réseaux.

En 1985, la concession de Thouars a quitté son lieu de création, avenue Victor Hugo pour s'installer route de Saumur.
Elle a été une nouvelle fois déménagée en 2017 pour un site plus grand, de 11 500 m2, à un meilleur emplacement au 14 boulevard de Diepholz.

Le goût du métier

Plusieurs drames ont marqué la famille, comme les décès soudains du fils du couple fondateur et de celui qui lui avait succédé, le beau-père de Thierry Talbot. Ce dernier a donc repris le flambeau un peu sous la contrainte en 1991. « Je représentais quelque part la 3e génération, celle de ma femme, et je n’étais absolument pas programmé pour m’occuper un jour d’une concession automobile. Pour être honnête, nous avions qu’une envie, vendre l’affaire qui n’allait pas bien du tout. Nous sommes intervenus pendant les mois qui ont suivi, non pas comme des concessionnaires mais comme des purs gestionnaires. Notre approche n’était pas classique, ce qui rendait la relation avec le constructeur extrêmement tendue », avoue Thierry Talbot, qui venait de reprendre les affaires Autodistribution de sa propre famille, créées en 1954. L’urgence était de trouver un acquéreur. « Mais fin 92, nous n’étions plus vendeurs ! Nous avions finalement un attachement à nos équipes donc il n’était pas question de les trahir, puis nous avons pris goût au métier et il y avait une vraie complémentarité avec nos affaires Autodistribution qui nous ont d’ailleurs permis de faire des sacrifices dans la gestion de Saga Automobiles. C’était économiquement difficile, mais nous avions trouvé l’équilibre. Le plus troublant fut quand l’un de mes fils m’a dit un soir que je n’avais pas le droit de vendre le garage de “Pape” », raconte le dirigeant. Un point sensible qui a fait que l’entreprise est finalement restée aux mains de la famille.

« Je me suis  alors fixé un objectif : nous allions nous battre comme des fous jusqu’au bout pour perdurer et devenir viable, et je laisserai le choix à mes enfants de décider de notre avenir. Ils étaient petits, ce qui voulait dire que j’en prenais pour 20 ans ! »

Le groupe Saga Automobiles, les dates clés

Se projeter avec Stellantis

Selon les mots de Thierry Talbot, il a formé avec l’ancien comptable Pierre-Marie Bretaudeau, aujourd’hui directeur général associé, un duo extraordinaire pendant 30 ans à la tête de Saga Automobiles, jusqu’à aujourd’hui, tous deux préparant la succession. Sa grande satisfaction est d’être arrivé à un stade où ses enfants ont été capables de décider ou non de continuer l’aventure. Pierre-Olivier est devenu directeur général de Autodistribution Talbot (14 sites en France) et Jean-Mathieu a évolué au poste de directeur général de Saga Automobiles fin 2019. Mais les 2 enfants seront à terme des dirigeants polyvalents sur les 2 sociétés, qui sont très connectées au final, l’une ayant sauvé l’autre.

Concession Peugeot de Parthenay (groupe Saga Automobiles)

La suite de l’histoire est à écrire avec la 4e génération. Surtout à l’heure de la transformation du secteur de la distribution automobile en France et de la résiliation de contrat avec le groupe Stellantis : comme tous les autres, le contrat Peugeot de Saga Automobiles a été résilié le 19 mai, mais il a été désigné pour rester dans le giron du constructeur. Selon Thierry Talbot, « les constructeurs ne juraient il y a quelques années que par les grands groupes, et ils ont compris aujourd’hui l’importance des petites entreprises comme la nôtre en milieu rural ». Monomarque, le distributeur aurait pu se développer avec un autre panneau et racheter d’autres concessions, or peu d’opportunités de développement se sont présentées à lui. Ou si, une seule à Bressuire (79) en 2000, que Thierry avoue avoir « ratée ».

« Nous sommes des centimiers, nous sommes tout petits et essayons d’être ultra performants et continuerons de l’être », assure-t-il.

Mais, avec la cartographie réseau qui est en train de se dessiner avec Stellantis, le P-DG et son fils Jean-Mathieu regarderont cette fois-ci avec grande attention les acquisitions potentielles sur le secteur. « Cela nous intéresse  d’avoir plusieurs marques aujourd’hui, notamment à Loudun, où un projet de construction d’un nouveau site est en cours », souligne le duo, qui dit aussi vouloir rester prudent quant à ce projet, car l’idée n’est pas juste d’accrocher un panneau d’agent supplémentaire mais plutôt de gagner de l’argent. Car c’est une entreprise rentable, et attachée à la rentabilité grâce à une souplesse de la structure et une gestion stricte. Un challenge pris à bras le corps par la direction car un champ s’ouvre à eux pour se diversifier.

Chiffres clés

  • 3 concessions : Thouars, Parthenay et Loudun
  • 1 marque : Peugeot
  • 30 millions d’euros de CA
  • 650 VN
  • 1 000 VO
  • 65 collaborateurs
 
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