Pierre Boulet (Novares):"Des projets d'hybridation avec PSA et Toyota"
L'équipementier automobile Novares connaît une croissance significative et vient de dévoiler un nouveau démonstrateur, Nova Car #2, qui valorise les dernières innovations de ses différentes lignes de produits. Le directeur général nous explique les nouvelles ambitions du groupe.
Pierre Boulet, directeur général de Novares, a 61 ans
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L'argus. Dans un marché automobile mondial en ralentissement, quels ont été vos résultats au premier semestre de 2019, hors MPC*, et pâtissez-vous du décrochage en Chine ?
Pierre Boulet. Notre chiffre d’affaires s’est stabilisé et nous avons constaté un recul de notre production de l’ordre de 7%, ce qui a en partie été compensé par notre activité outillage. C’est effectivement le résultat d’une forte contraction du marché en Chine, un recul de 25 à 30% pour nous, car nos clients ont subi le ralentissement du marché et les effets de déstockage liés à la norme environnementale China 6. Sur l’année pleine, nous tablons sur un repli du marché de 15%, aux alentours de 25 millions de véhicules. En Europe et aux États-Unis, les marchés sont plutôt stables, même s’il faut regarder l’Allemagne de près. L’impact de la Chine est manifeste, y compris sur la marge, mais tout le monde est logé à la même enseigne.
À l’image de nombreux équipementiers, devrez-vous vous résoudre à un avertissement sur résultat et quel est le niveau de votre carnet de commandes ?
Nous avons évoqué les difficultés en Chine, mais ça ne conditionne pas, pour l’heure, une révision significative de nos objectifs. Par ailleurs, notre carnet de commandes est élevé, dans la mesure où il tutoie les 7 Mds€. C’est un défi quand les marchés sont moins favorables, car il faut les financer, sachant que le ratio est bien d’un euro d’investissement pour un euro de chiffre d’affaires annuel. Dans le même temps, il faut être vigilant sur le financement des projets, en gardant à l’esprit que nous lançons près de 300 nouveaux produits chaque année. Mais l’essentiel est que nous ayons une belle visibilité à un horizon de cinq ans.

Votre portefeuille de clients a-t-il évolué, un mouvement que vous évoquiez il y a quelques mois ?
Nous développons notre business avec certains clients, par exemple, Jaguar Land Rover ou BMW, ce dernier représentant 6% de notre chiffre d’affaires, contre 1% avant. Nous avons aussi des perspectives qui s’ouvrent avec Mercedes-Benz, tandis que nous connaissons nos premières commandes avec Tesla. Par ailleurs, nos échanges avec les constructeurs chinois s’intensifient, grâce à notre offre de systèmes de refroidissement des batteries. L’intérêt se porte également sur le remplacement des pièces moteurs en métal par des pièces en plastique et sur le packaging des batteries.
Confirmez-vous les grandes orientations stratégiques du groupe ?
L’Asie et bien entendu la Chine sont au coeur de notre développement futur, avec un business de l’électromobilité qui fera l’objet d’une âpre concurrence. Cela va s’accompagner d’une rationalisation de notre réseau industriel, composé de 45 usines en propre, autour de trois pôles, Chine, États-Unis-Mexique, Europe centrale. En croissance externe, il n’y a pas d’acquisition d’envergure à l’agenda, mais de petites opérations sont envisagées, au-delà de l’activité de Novares Venture Capital. En outre, sur le plan des produits, l’électrification des véhicules va connaître une forte accélération et nous menons de vastes projets sur l’hybridation avec PSA et Toyota, par exemple. Les produits « plastroniques » seront aussi une grande opportunité, surtout qu’ils génèrent des marges plus importantes. Enfin, pour stimuler l’innovation, nous continuons de compter sur notre R&D organique, tout en nous ouvrant à des start-up. La force de Novares réside dans son aptitude à travailler avec des structures très différentes, une mini start-up ou le CEA par exemple.

Vous avez récemment dévoilé le concept Nova Car #2, qui réunit 25 innovations. Quelles sont celles que vous mettriez volontiers en avant ?
L’évolution des écrans est manifeste, avec de grandes avancées, c’est la fin des « grands placards ». Les progrès sont considérables, au service des prestations personnalisées et de la sécurité. Par ailleurs, les aérateurs vont devenir invisibles, un souhait des constructeurs. Les poignées de porte haptiques [à sensibilité cutanée] sont aussi promises à un bel avenir, plus ergonomiques et intégrant de nouvelles fonctions. Dans l’habitacle, l’intégration des fonctions est un enjeu plus central que jamais. Autant d’éléments qui peuvent faire évoluer la ventilation d’un chiffre d‘affaires à l’avenir, le périmètre de l’intérieur du véhicule prenant de l’importance, alors que celui des moteurs stagne.
Quel regard portez-vous sur l’acronyme Aces (autonome, connecté, électrifié et partagé) et son impact sur l’industrie automobile ?
Au risque de paraître excessif, il faut arrêter de parler de voiture autonome à tout va. Elle n’existera pas à grande échelle, tout simplement parce qu’elle ne correspond pas à un besoin du mass market, au-delà des obstacles de viabilité économique. Il convient de se focaliser sur les aides à la conduite, les fameux Adas promis à un remarquable développement. Par ailleurs, le véhicule connecté fait déjà partie de notre quotidien et le virage que nous prenons est considérable, comparable au passage du téléphone à touches au smartphone. Par rapport à l’électrification, un mouvement est assurément en marche, mais on ignore quelle sera au juste son ampleur. On ne saurait exclure qu’on revienne à la raison, notamment pour les diesels de dernière génération. Et certains véhicules électrifiés sont tout de même lourds... 1,8 t de voiture pour 100 kg de passagers, c’est beaucoup ! Enfin, sur les modèles de mobilité partagée, au-delà de certains échecs tonitruants, on voit émerger des projets prometteurs, auxquels il faut laisser le temps de trouver la bonne échelle.
La Nova Car #2 en un clin d’oeil
- Équipements intérieurs : Flexview Max (écran flexible extra-large pour une interface utilisateur avancée), Touch’n Play (écran tactile avec raccourcis intégrés), Scroll’n Feel (bouton à retour haptique personnalisable), Squeeze Command (bouton unique pour la commande des portes avec reconnaissance de mouvement), Smart Breeze (aérateur intelligent et invisible), Flexview Mirrror (écran flexible remplaçant les rétroviseurs), My Flexview (interface d’écran tactile personnelle), My Travel Therapy (prévention du mal des transports), Just Breathe (analyse de la qualité de l’air et purification).
- Pièces extérieures : Watch Pod on the Roof (système d’assistance à la conduite intégré aux équipements du toit), Drop in Car (point de livraison sécurisé), Bright & Shadow (signature lumineuse), Novahandle Swipe (poignée activable au toucher dans toutes les conditions), Stealthy Handle (poignée d’ouverture tactile invisible).

- Innovations moteur : Hybrid Cover (cache esthétique atténuant le bruit du moteur), Odor Detection Sensor (capteur permettant le contrôle des émissions inattendues), Piloted Thermostat Water Outlet (concept économique du système de chauffe pilotant l’ouverture et la fermeture du thermostat), Oil Separation Flap (décantation d’huile économique), Fast Warm up Ba.eplate 2 (optimisation du réchauffement d’huile pour réduire les émissions de CO2), Turbo Attenuator (réduction du bruit de la ligne d’admission d’air), Acoustic Wheel Arch Liner (réduction du bruit de passage du véhicule), Easy Box Air Management (maintenance facile de l’élément filtrant 100 % synthétique).
- Innovations moteur électrique : Cooling Frame for Battery Module (module de refroidissement de batterie), Battery Module Side Plate (renfort latéral en plastique pour l’allègement du véhicule), E-Machine Components (composant plastique du moteur électrique pour l’allègement du véhicule).