Proovstation accélère son virage industriel sur l'inspection des autos
habillage
banniere_haut

Proovstation accélère son virage industriel sur l'inspection des autos

La société ProovStation entend devenir le leader européen de l'inspection automobile avec le déploiement, dans les prochains mois, de 60 nouveaux portiques, qui permettent une détection industrielle des dommages causés sur la voiture.

Publié le

Les voitures passent sous le portique Proovstation entre 10 et 15Km/h

Plus d’un an et demi s’est écoulé depuis la première apparition de ProovStation au CES de Las Vegas (janvier 2019). La jeune pousse y dévoilait alors un portique, permettant de déceler de manière automatique et instantanée les dégâts causés sur la carrosserie de la voiture, grâce la technologie d’intelligence artificielle (IA). La prise de contact y avait été prometteuse et la couverture médiatique, inespérée, mais les deux jeunes fondateurs, Cédric Bernard (PDG) et Gabriel Tissandier (directeur général), étaient encore loin d’avoir touché le Graal.
 

Les voitures passent sous le portique ProovStation à une vitesse entre 10 et 15 km/h.

Accompagnée, dans le cadre d’une levée de fonds, par le groupe Bernard, la Banque publique d'investissement (BPI) et des banques locales, la société, qui annonce avoir investi plusieurs millions d’euros en recherche et développement ces dernières années, s’est depuis fortement rapprochée de la vérité. L’équipe de ProovStation se compose de cinquante personnes, réparties dans des bureaux à Paris, Lyon, ainsi qu’au sein du pôle AI Super Factory (à Bourg-en-Bresse), qui regroupe principalement des data scientists. Leur mission est de « labelliser » les données récoltées sur le terrain et « d’entraîner les algorithmes » de manière à identifier le plus de dommages possibles pour alimenter la base de données. Sur le plan commercial, des contrats ont été conclus en 2020 avec des constructeurs et les logisticiens BCA Group et Charles André (CGA).

A LIRE. ProovStation a séduit la division auto du groupe Charles André

Un taux de détection des dommages de 95 % fin 2020

C’est précisément au cœur du parc logistique de ce dernier, situé à Corbas (69), que ProovStation a organisé, le 23 septembre, une présentation de son portique automobile dans sa version industrielle. Equipé de 25 capteurs et caméras, il scanne et génère instantanément plus de mille images, qui permettent de relever en moins de deux minutes entre 80 et 85 % des dommages de 4 mm et plus présents sur le véhicule.

Un taux qui, selon les dirigeants, répond en grande partie à la demande des clients du marché de l’occasion. « En fin d’année 2020, grâce à l’acquisition de nouvelles données et les opérations de post-inspection, nous serons en mesure de détecter 95 % des dégâts, affirme Gabriel Tissandier. Il faut savoir que 95 % du besoin des acteurs du marché automobile porte sur des dommages supérieurs à 1 mm. »

En 2021, 73 portiques permettant une inspection industrielle des véhicules seront installés en Europe.
La société a organisé une démonstration de son portique à Corbas, au sein du parc du groupe GCA.
Avec ce portique, ProovStation revendique une capacité de 1 500 véhicules inspectés par jour. Dans l’usine d’un constructeur français située en Afrique du Nord, ce sont actuellement 1 200 voitures neuves, posées sur convoyeur, qui sont vérifiées tous les jours en sortie de chaîne. Dans ce cas précis, l’utilisation du portique relève davantage du contrôle qualité que de l’inspection. Dans le cahier des charges fixé par les constructeurs, l’enjeu est de déceler les défauts de 1 mm, voire moins. Sur ces petits dommages, ProovStation avance actuellement un taux de détection de 70 %, qui devrait monter à 80 % en fin d’année.

73 portiques installés en 2021 en Europe

Cédric Bernard, PDG de ProovStation.

A ce jour, 73 portiques de ce type ont été commercialisés dans treize pays, dont 40 à BCA Group et 30 à GCA. En raison de la crise sanitaire, l’installation a été reportée, mais dix sont opérationnels à ce jour.

Afin de répondre aux sollicitations des clients étrangers, la société a mis en place un showroom virtuel, qui propose de faire des démonstrations à distance. ProovStation entend accélérer la production et l’installation de portiques en 2021 (une deuxième version sera lancée) pour asseoir sa position sur un secteur en construction. « La barrière technologique à l’entrée est très forte », considère Cédric Bernard, qui cite un gros concurrent en Israël et quelques autres acteurs en France et en Allemagne.

Un investissement de 5 000 € par mois

Si les deux dirigeants ne cachent pas leurs ambitions européennes, ces derniers mois leur ont permis de mieux recentrer leurs développements sur un profil de clients. Les constructeurs, les logisticiens et les gros acteurs qui opèrent sur le marché de l’occasion (société de vente aux enchères) sont ainsi devenus la cible prioritaire, ce qui est moins le cas des loueurs de courte durée, actuellement en difficulté, ou des concessionnaires, pour qui l’investissement se révèle important.

La société opère donc un virage résolument industriel dans l’inspection des véhicules, qui colle à l’accélération de la professionnalisation du marché de l’occasion. « Avec le développement d’usines de reconditionnement, de carrosseries centralisées ou mutualisées, le produit actuel pourrait cependant se révéler viable, et plus vite que prévu, pour certains acteurs de la distribution », souligne Cédric Bernard.

Le portique ProovStation est facturé autour de 5 000 € par mois (prix variable selon le flux traité) dans le cadre d’une offre de leasing sur 48 mois (entretien inclus). En 2021, avec l’installation des 73 portiques, la start-up annonce un potentiel de 9 millions d’inspections réalisées.

A LIRE.
Les groupes prennent la main sur le remarketing VO avec leurs usines