PSA fermera l'usine d'Ellsmere Port si le Brexit tourne mal
Dans un entretien accordé au Financial Times, le patron du groupe automobile français s'est dit prêt à tirer un trait sur l'usine britannique et à transférer l'activité Opel-Vauxhall en Europe continentale.
L'usine Vauxhall d'Ellesmere Port, Royaume-Uni. Paul ELLIS / AFP
Fin juin 2019, PSA avait déjà lancé un sévère avertissement en prévenant qu'il fabriquerait sa nouvelle Astra (Opel ou Vauxhall) dans cette usine du nord-ouest de l'Angleterre seulement en cas d'accord sur le Brexit. Mais dans le quotidien britannique des affaires, lundi 29 juillet 2019, le patron de PSA Carlos Tavares est encore plus explicite.
"Franchement je préférerais la confier (la nouvelle Astra, ndlr) à Ellsmere Port mais si les conditions sont mauvaises et que ce n'est pas rentable alors je dois préserver le reste du groupe et je ne le ferai pas", a-t-il souligné.
"Nous avons une alternative à Ellsmere Port", ajoute-t-il, évoquant un site dans le sud de l'Europe et réclamant avant tout de la visibilité sur ce que seront les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l'UE fin octobre 2019 lors de la date prévue du Brexit. PSA a jusqu'à présent retenu deux usines pour le nouveau modèle de l'Astra qui sera disponible sous les marques Opel et Vauxhall (pour le Royaume-Uni), à savoir Rüsselsheim en Allemagne à partir de 2021, pour laquelle la décision est confirmée, et Ellesmere Port, dont l'avenir dépend donc du Brexit. Cette nouvelle mise en garde de PSA intervient peu après la prise de fonction de Boris Johnson comme nouveau Premier ministre britannique, dont la priorité est de préparer le pays à un Brexit sans accord.
L'industrie automobile britannique ne cesse d'avertir contre les risques d'un tel scénario, qui ferait perdre au secteur jusqu'à 70 millions de livres par jour via le rétablissement des droits de douanes et de contrôles douaniers. L'Association des constructeurs et des vendeurs automobiles (SMMT) a d'ailleurs écrit à Boris Johnson en répétant qu'un Brexit sans accord "n'est simplement pas possible".
Le secteur automobile s'inquiète d'autant plus du scénario d'un Brexit sans concession qu'il est déjà fragilisé par plusieurs annonces récentes de fermetures d'usines, par le japonais Honda et l'américain Ford notamment, qui ont eu un effet retentissant au Royaume-Uni, sur fond de ralentissement économique mondial et de désaffection pour le diesel.