Renault poursuivra Carlos Ghosn pour 11M€ de dépenses suspectes
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Renault poursuivra Carlos Ghosn pour 11M€ de dépenses suspectes

L'audit interne mené conjointement par Renault et Nissan au sein de leur filiale commune RNBV basée aux Pays-Bas a identifié 11 millions d'euros de dépenses suspectes engagées par l'ancien patron de l'Alliance.

Par avec l'AFP
Publié le Mis à jour le

Le conseil d'administration s'est réuni le mardi 4 juin 2019

Laurent Lacoste

Le conseil d'administration, qui se réunissait mardi 4 juin 2019 pour étudier un projet de fusion avec Fiat Chrysler, a pris connaissance dans l'après-midi des conclusions définitives de l'audit mené par le cabinet Mazars, et souhaite que Renault explore avec Nissan les "actions judiciaires" qui pourraient être menées aux Pays-Bas, selon un communiqué du groupe. "Ces conclusions ont confirmé des déficiences au sein de RNBV au plan de la transparence financière et des procédures de contrôle des dépenses, qui avaient déjà été relevées par les auditeurs dans leurs conclusions intermédiaires de début avril", a expliqué le conseil, cité dans le communiqué.

"Des surcoûts de déplacement"

"Les conclusions de la mission d'audit conjoint ont également confirmé les questionnements que suscitent un certain nombre de dépenses engagées par RNBV pour un montant total de l'ordre de 11 millions d'euros", ont précisé les administrateurs du constructeur français. Cette somme recouvre des "surcoûts de déplacement de Carlos Ghosn par avion, certaines dépenses engagées par Carlos Ghosn et des dons ayant bénéficié à des organismes à but non lucratif", est-il précisé.

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"Sur la base de ces constats, le conseil d'administration a décidé (...) de demander aux représentants de Renault de se rapprocher de leurs homologues de Nissan dans les instances de gouvernance de RNBV en vue de la mise en œuvre des actions judiciaires disponibles aux Pays-Bas", poursuit le communiqué.

Le Maire et l'avocat de Ghosn réagissent

"L'Etat déposera tous ces éléments à la justice et il y aura une plainte. Elle sera instruite et la justice tranchera", a affirmé le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, le lendemain, sur l'antenne de BFMTV et RMC, précisant que la plainte serait déposée par le groupe automobile lui-même. "Quand l'Etat est actionnaire de référence d'une entreprise, comme dans Renault où nous avons 15%, et bien son rôle est de s'assurer que sa gouvernance fonctionne bien", a ajouté Bruno Le Maire.

L'avocat français de M. Ghosn s'est de son côté offusqué contre l'opacité du processus, réclamant l'accès à l'ensemble des documents. "On parle de dépenses injustifiées, mais on ne nous dit pas lesquelles. Comment voulez-vous répondre à un rapport qu'on vous cache ?", a réagi mercredi Me Jean-Yves Le Borgne."Ce rapport doit être analysé, discuté et M. Ghosn doit apporter des réponses", a-t-il ajouté, interrogé par l'AFP alors qu'il se trouvait en déplacement à l'étranger. "Qu'il soit entendu, c'est quelque chose qui me paraît normal à la condition que cela ne se fasse pas dans la précipitation."

Masquer les dépenses au profit personnel de Ghosn

La société RNBV, filiale à 50-50 entre Renault et Nissan, était la structure créée par Carlos Ghosn pour incarner l'alliance au niveau opérationnel. Depuis plusieurs mois, Nissan accusait cette structure de masquer des dépenses au profit personnel de l'ex-patron franco-libanais. Arrêté le 19 novembre 2018 à Tokyo, Carlos Ghosn fait l'objet de quatre inculpations par la justice japonaise : deux pour des dissimulations de revenus dans des documents boursiers et deux pour des cas différents d'abus de confiance aggravé, dont détournement présumé de fonds de Nissan. L'ancien capitaine d'industrie, qui clame son innocence, a dénoncé à plusieurs reprises un complot ourdi par Nissan. Il a été libéré sous caution le 25 avril 2019.