Saga groupe Dubreuil. L'art de défendre un étendard
Quarante ans après une première acquisition, l'automobile tient une place prépondérante parmi les activités du groupe Dubreuil. Il a fallu compter sur une stratégie bien ficelée, privilégiant le jeu collectif, le tout en écartant le multimarquisme.
Peugeot est la marque historique du groupe Dubreuil, qui est aujourd'hui le 3e investisseur ex aequo en France (concession de la Roche-sur-Yon).
Pour Paul-Henri Dubreuil, président du groupe éponyme, la réussite d’un ensemble est bien plus importante que celle de quelques individualités. Voici la philosophie de vie qu’il applique pour tirer son pôle automobile vers le succès. « Comme nous nous structurons avec la diversification dans l’entreprise, nous ne ressentons pas le besoin d’être multimarque pour notre activité automobile», avance le dirigeant. « Il a fallu se structurer tout de suite, sans juxtaposer les affaires, car la recherche du volume ne nous intéresse pas. Nous souhaitons de la cohérence dans la durée, avec un ancrage Grand Ouest. Aujourd’hui nous sommes partenaires Stellantis, nous pouvons alors nous intéresser à toutes les marques du groupe, si, et seulement si des opportunités s’offrent à nous. Nous ne voulons pas précipiter les choses et ne pas se laisser emballer par la course à la taille. Fini l’égoïsme et le court-termisme à outrance. Ce que nous souhaitons, c’est grandir et non grossir, la nuance est très importante».
Telle est la vision du petit-fils du fondateur de l’entreprise, Henri Dubreuil, qui rachète en 1924 une épicerie en gros à la Roche-sur-Yon. Alimentaire, carburant, bricolage, l’automobile apparaît dans son portefeuille d’activité dans les années 80 : le fils Jean-Paul Dubreuil était un amateur de BMW, mais ne trouvait pas de modèle en Vendée. C’est alors qu’il s’associe avec un ami pour créer une concession à la Roche-sur-Yon.
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Dubreuil et le monomarquisme

En 2009, la famille a préféré faire un deal avec d’autres partenaires pour céder les deux affaires Citroën et en racheter d’autres de la marque Peugeot. Cette sortie du réseau n’était pas définitive selon Paul-Henri, le moment d’investir était tout simplement mal choisi. De plus, la concurrence y était alors très forte entre les marques sœurs. Neuf ans plus tard, le groupe Dubreuil renoue avec les chevrons grâce à une opportunité, la reprise des concessions de Dreux et de Chartres du groupe Lamirault.
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Claris et Claro dans les pas de Clara

Métiers pauvres en rentabilité
Ces filiales permettent l’optimisation et la mutualisation de chaque domaine d’activité par marque et entre chaque marque, du commerce en passant par l’après-vente, les stocks, etc. Une évidence pour Paul-Henri Dubreuil, qui souhaite connaître le même succès qu’avec Peugeot/Clara pour Opel/Claro et Citroën/Claris, entités récentes. « Nous ne regrettons rien. Au contraire, les synergies sont importantes pour ces métiers pauvres en rentabilité. Le moindre écart peut coûter cher. Et c’est aussi pour cela que nous prônons la proximité dans notre façon de travailler. Nous n’irons pas à l’autre bout de la France ni chercher des marques frontales de Stellantis. Je ne me vois clairement pas concessionnaire Renault ou Volkswagen car cela n’aurait aucun sens vis-à-vis de nos équipes et de nos clients », appuie le dirigeant. Du pragmatisme dans une entreprise familiale.Investir dans le numérique
Avant les années 2010, c’est tout le pôle auto qui va se structurer et ainsi permettre le développement. Notons qu’en 2006, sous la volonté de professionnaliser la remise en état de ses véhicules d’occasion et de leur revente aux professionnels, le groupe a créé la filiale Oscar aux Essarts. Aujourd’hui, deux plateformes existent avec celle du Mans et une troisième pourrait ouvrir l’année prochaine. Un projet mal compris à date mais qui paie en termes d’exigence et de standards qualité. Il prend aussi tout son sens avec le site internet manouvellevoiture.com (créé en 2007), qui représente un tiers des ventes digitales.« Nous continuons d’investir dans le numérique car c’est passionnant. Et c’est le cas dans tous nos métiers. On se laisse le temps, on fait des réglages, on réfléchit à des plans B, et on innove aussi. Nous voulons être moteur plutôt qu’à la remorque dans le secteur automobile. Nous sommes bien armés pour les prochaines transformations à venir car nous ne travaillons pas dans l’exubérance », conclut Paul-Henri Dubreuil.
Le pôle auto du groupe Dubreuil en chiffres
- 23 000 véhicules neufs
- 22 000 véhicules d’occasion
- 1 867 collaborateurs
- 12 départements
- 40 concessions