Semi-conducteurs. Un plan de l'Union européenne à 43 milliards d'euros
Face à la pénurie de puces, la Commission européenne va investir lourdement pour financer la recherche et l'implantation de nouvelles usines sur le Vieux continent. Le but étant de réduire sa dépendance envers l'Asie et de multiplier par quatre la production de ces composants d'ici à 2030.
Thierry Breton, le commissaire au Marché intérieur. Compte Twitter Thierry Breton
Compte Twitter Thierry Breton
L’Europe à la relance. Après l’offensive européenne sur le sujet des batteries pour véhicules électriques, Bruxelles prend les choses en main en ce qui concerne l'industrie des semi-conducteurs. Parce que non seulement la crise du Covid-19 perturbe l’approvisionnement mondial de ces petites puces électroniques, essentielles à de nombreux domaines d’activités, surtout à l'automobile, mais la production est trustée par l’Asie, laissant à peine 20 % du marché aux États-Unis et 10 % à l’Europe. La Commission européenne veut désormais contrer cette dépendance à coups de milliards d'euros et donc peser sur l'échiquier mondial dans ce secteur hautement stratégique.
Le plan Chips Act
La vice-présidente exécutive de la Commission européenne chargée de la politique de concurrence, Margrethe Vestager, et le commissaire au Marché intérieur, Thierry Breton, ont présenté le 8 février 2022 un ambitieux plan législatif sur les semi-conducteurs, appelé Chips Act, qui prévoit de mobiliser plus de 43 milliards d’euros sur 10 ans pour « garantir la sécurité d’approvisionnement, la résilience et la souveraineté technologique de l’UE dans le domaine des applications et des technologies des semi-conducteurs ». Le dirigeant a même évoqué sur son compte Twitter « une nouvelle révolution industrielle » pour une Europe qui « se donne les moyens de sa souveraineté technologique » et qui « va produire les semi-conducteurs les plus avancés au monde ». Bruxelles s'est ainsi fixé comme objectif de prendre 20 % du marché mondial en 2030, soit deux fois plus qu’aujourd’hui. Alors que le marché devrait lui-même doubler d'ici cette échéance, cela signifie une multiplication par quatre de la production de semi-conducteurs sur le territoire européen.
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Soutenir la recherche et la création d'usines
Dans le détail, le projet de règlement, qui devra encore être adopté par les pays membres et le Parlement européen, prévoit 11 milliards d'euros de subventions, dont environ la moitié provenant du budget de l'UE et l'autre moitié des États membres, pour financer la recherche dans les technologies les plus innovantes et des lignes pilotes pour préparer leur industrialisation. Sur ce dernier point, 30 milliards d’euros d'aides publiques des États membres à des industriels du secteur, y compris des groupes étrangers, comme l'américain Intel qui envisage d'investir en Europe, seront consacrés à l’implantation de grandes usines. Puis, un fonds de plus de 2 milliards d'euros viendra en soutien des start-up du secteur. Avec ces fonds publics, la commission espère attirer des investisseurs privés par la suite pour gonfler le montant.
Notons que l’Union européenne emboîte le pas aux États-Unis qui ont également engagé un rapatriement de la fabrication de puces électroniques sur leur territoire, via l’adoption d’un projet de loi de 52 milliards de dollars (45 milliards d'euros). L'UE rivalise aussi avec les 150 milliards de dollars mis sur la table par la Chine entre 2015 et 2025, les 8 milliards de dollars de financement public annoncés au Japon, ainsi que les 450 milliards de dollars en Corée du Sud d’ici à 2030.