Stellantis. Les syndicats d'Opel inquiets pour l'usine d'Eisenach
Après l'annonce de la suspension de la production jusqu'à début 2022 dans l'usine Opel d'Eisenach, les syndicats allemands dénoncent une utilisation abusive du chômage partiel de la part de Stellantis. Ils craignent également un projet de réorganisation de la filiale Opel.
Les syndicats d'Opel craignent que les réorganisations et synergies en cours au sein de Stellantis ne nuisent aux installations industrielles allemandes
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Le groupe Stellantis, issu de la fusion entre PSA et FCA, dispose de surcapacités industrielles et étudie toutes les solutions permettant de poursuivre la réalisation de synergies annuelles de plus de 5 milliards d’euros. Cela inquiète notamment les syndicats allemands d’Opel. Après l’annonce de la suspension de la production pendant trois mois dans l'usine Opel d'Eisenach, à cause de la pénurie de semi-conducteurs, les représentants syndicaux accusent Stellantis de recourir au chômage partiel de façon abusive pour les 1 300 salariés.
Dans un courrier adressé à Reuters, Stellantis assure que la production reprendra bien début 2022, mais les syndicats craignent que cette situation ne soit le prélude à une fermeture définitive de l’usine, qui assemble habituellement l’Opel Grandland X équipé de motorisations thermiques et hybrides rechargeables. Ils dénoncent une délocalisation déguisée, puisque la production de l’Opel Grandland X se poursuit dans l’usine française de Sochaux pendant les trois mois de fermeture d’Eisenach. Uwe Loesche, responsable IG Metall du conseil syndical de l’usine, prévient que les salariés ne vont pas se « laisser faire ».
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IG Metall dénonce un projet de réorganisation d’Opel
Par ailleurs, le syndicat allemand IG Metall s’oppose fermement à un projet de Stellantis visant à réorganiser la filiale allemande Opel. Selon un porte-parole d’Opel qui s’est exprimé auprès de l’AFP, Stellantis « étudie » l’option de rendre juridiquement indépendantes les usines Opel de Rüsselsheim et d’Eisenach « pour renforcer la coopération et la flexibilité dans le réseau de production ». Une fois indépendantes, les usines allemandes seraient ainsi rattachées à une entité de Stellantis, dont le siège social se situe aux Pays-Bas, et non plus à Opel, selon le journal Handelsblatt, qui a révélé le projet. Dans un communiqué, le syndicat IG Metall affirme son « opposition » à ce « projet de démantèlement » qui « menace la marque Opel, les usines et l’emploi ainsi que la cogestion », et appelle à manifester le 29 octobre.Uwe Baum, chef du comité d’entreprise, estime que ce projet « ne suit aucune logique économique » mais vise plutôt à « fuir la cogestion » entre Opel et les syndicats, un pilier du modèle économique allemand, alors que « la gestion paritaire fonctionne bien en Allemagne ». De son côté, Opel souhaite « discuter avec les partenaires sociaux de la mise en œuvre détaillée » et assure que « les conditions de travail restent inchangées », tandis que « les accords collectifs et d’entreprise resteront en vigueur ». Le constructeur allemand ajoute que Stellantis « organise sa production en clusters pour atteindre une utilisation maximale et efficace des capacités » et pour « assurer que tous les sites puissent produire toutes les marques du groupe ».
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Réorganisation en cours dans les usines françaises de Stellantis
Ces inquiétudes interviennent alors que des réorganisations de production sont actuellement en cours dans les usines françaises du groupe, également touchées régulièrement par la pénurie de semi-conducteurs. L’assemblage de la nouvelle Peugeot 308 a ainsi été tranféré à Mulhouse pour laisser la place, à Sochaux, à la production des modèles C-SUV, à savoir les Peugeot 3008 et 5008, ainsi qu'à celle de l’Opel Grandland X, dont les prochaines générations seront conçues autour de la plate-forme eVMP.La transformation du site de Sochaux pose donc également la question de l’avenir de l’usine de Rennes-la Janais, qui fabrique les actuels Citroën C5 Aircross et Peugeot 5008, dont le remplacement devrait intervenir d’ici à fin 2024.