Toyota vise la neutralité carbone avec son usine de Valenciennes
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Toyota vise la neutralité carbone avec son usine de Valenciennes

L’argus s'est rendu à l’usine de Toyota Motor Manufacturing France (TMMF), située près de Valenciennes (Nord), le jour de la production de la dix millionième Yaris au niveau mondial. L'occasion de faire le point sur les actions menées par le site pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2030.

Par Robin Schmidt
Publié le Mis à jour le

Depuis son inauguration en 2001, l'usine de Toyota Motor Manufacturing France (TMMF) a produit plus de 4,5 millions de Yaris.

Robin Schmidt

Jeudi 30 mars 2023. 12 h 14. La dix millionième Yaris vient de sortir des lignes de production de l'usine de Toyota Motor Manufacturing France (TMMF). La citadine entre ainsi dans le cercle très fermé des véhicules écoulés à plus de 10 millions d’unités à l’échelle mondiale, parmi lesquels figurent notamment la Corolla ou le RAV4. 

Depuis son inauguration en 2001, le site d’Onnaing-Valenciennes, situé dans les Hauts-de-France, a produit à lui seul pas moins de 4,5 millions de Yaris à destination du marché européen. Mais l’usine, qui assemble aussi la Yaris Cross, est également reconnue pour ses projets ambitieux en termes de réduction de son empreinte environnementale. Elle entend par ailleurs atteindre la neutralité carbone d’ici à 2030, ainsi que le zéro émission de CO2 pour 2040. 

Un site optimisé dès sa construction

Dès son ouverture, l’usine avait pour ambition d’être un espace durable, propre et optimisé. Cela se voit au niveau de son infrastructure, puisque le site ne compte qu’un seul bâtiment, où toute la logistique est optimisée et regroupée, ce qui sous-entend qu’il y a moins de surface au sol et in fine moins de volume à chauffer. « À l’époque, l’usine comptait déjà 30 % de surface en moins que n’importe quel site automobile équivalent. On consommait donc en moyenne 30 % d’énergie en moins » explique Alexis Laurie, responsable énergie et environnement de TMMF.

Aujourd’hui, l’usine a d’ores et déjà réussi à diminuer ses émissions de CO2 des deux tiers. Une baisse qui s’explique notamment par l’optimisation des méthodes de production, comme les arrêts et redémarrages des équipements, mais aussi par les consignes données en termes de températures ou de vitesse d'exécution. Toyota a également déployé en 2019 un réseau 4 km lui permettant d’optimiser la distribution de chaleur sur le site, en hiver comme en été.

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En parallèle de ses ambitions de neutralité carbone pour 2030, le site espère produire 280 000 véhicules en 2023 et atteindre à terme l'objectif de 300 000 unités produites chaque année.

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Une usine moins gourmande en eau…

Autre spécificité du site d’Onnaing-Valenciennes, la présence dès 2001 d’une station d'épuration capable de collecter et traiter les eaux d’une ville de 15 000 habitants. Ainsi, en l’espace de vingt ans, TMMF est parvenu à réduire de 67 % sa consommation d’eau pour fabriquer les Yaris. Grâce à ce dispositif, une grande partie de l'eau employée est nettoyée et recyclée, afin d’être réinjectée dans les processus de fabrication. 

En 2009, Toyota a également installé sur le site des bassins de récupération de l'eau de pluie. « On s’est dit que dès qu’il pleuvait sur nos parkings. On pouvait collecter cette eau et l'utiliser dans nos processus de fabrication. Toutes ces infrastructures nous permettent aujourd’hui d’être quasi autonomes pour notre consommation d’eau. Nous détenons par ailleurs un record de 333 jours sans acheter d’eau sur le réseau pour fabriquer nos Yaris », souligne Alexis Laurie.

Nous détenons un record de 333 jours sans acheter d’eau sur le réseau pour fabriquer nos Yaris.

… et en énergie

L’entité Toyota Motor Manufacturing France a également diminué de 59 % sa consommation en énergie depuis son démarrage. Une diminution dont les salariés de l'usine sont en grande partie responsables, puisque ces derniers sont régulièrement formés aux bonnes pratiques à adopter. La direction du site d’Onnaing-Valenciennes entreprend en même temps de trouver des points d’amélioration au sein des processus de fabrication. 

« On peut par exemple se demander si notre équipement utilise la bonne quantité d’énergie. Dans le cas d’un four, ai-je besoin de monter la température à 200 degrés ou 180 degrés suffisent-ils ? Ou 179 degrés ? Parce que chaque degré peut représenter un gain énergétique supplémentaire », insiste le responsable énergie et environnement de TMMF. En plus des 1 000 m2 de panneaux solaires dont il est équipé, le site prévoit également de changer ses sources d'énergie pour davantage se diriger vers un approvisionnement en énergie verte. Il envisage ainsi des solutions passant par la géothermie, la biomasse ou encore l’hydrogène.

Une revalorisation à 100 % des déchets depuis 2007

En ce qui concerne les déchets, TMMF a réduit de 46 % en vingt ans leur quantité pour chaque véhicule produit. Dès le départ, l’usine essaie de limiter la production de déchets, tout en veillant à ce que les différentes étapes de fabrication en créent le moins possible. « Quand on a besoin d’un film de protection sur une pièce, par exemple, on va optimiser la surface du film en essayant d’emballer la pièce avec le juste nécessaire », détaille Alexis Laurie.

Le site a également mis en place un système de tri des déchets à la source. Chaque processus de production créant un déchet va donc avoir droit à son propre support de collecte, permettant ainsi à l’usine d’Onnaing-Valenciennes de revaloriser 100 % de ses rejets depuis 2007. « Chez Monsieur et Madame Tout-le-monde, vous avez en moyenne trois ou quatre catégories de déchets pour le tri. Ici, on est à plus de cent catégories sur l’ensemble du site », poursuit-il. 

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La dix millionième Toyota Yaris produite dans le monde est sortie des lignes de production de l'usine d'Onnaing-Valenciennes le jeudi 30 mars 2023.

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Une réduction des émissions de solvants

Enfin, le site de TMMF est également parvenu à diminuer considérablement son impact sur l’air, en réduisant de 57 % ses émissions de solvants. L’usine emploie des solvants à base d’eau, qui sont recyclés et réemployés après chaque utilisation, le tout grâce à un système de récupération qui offre une revalorisation du produit pour les rinçages suivants.

Enfin, Toyota a cherché à optimiser les trajectoires de ses robots, qui, si elles sont bien contrôlées, permettent de réduire le gaspillage de la peinture, donc les émissions de solvants. « Un robot qui va peindre une voiture va suivre un certain mouvement. Si on est un peu grossier dans ce mouvement, la peinture peut partir ailleurs que sur la voiture. Nous avons fait le choix de travailler avec nos équipes d’ingénieurs afin d’appliquer le bon transfert de peinture entre le robot et la voiture. On évite ainsi le gaspillage », conclut Alexis Laurie.