Ukraine. Les constructeurs automobiles face à la flambée des métaux
En plus de l'envolée des prix du pétrole et de la pénurie persistante de semi-conducteurs, les constructeurs automobiles vont également devoir faire face à une envolée des coûts de plusieurs types de métaux entraînée par la guerre en Ukraine. Nickel, aluminium et palladium sont notamment concernés.
Au niveau mondial, la Russie fait partie des principaux fournisseurs de métaux comme le palladium, le nickel ou le minerai de fer
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Alors que la pénurie de semi-conducteurs devrait durer au moins toute l’année 2022, l’invasion de l’Ukraine par la Russie fait flamber les prix de nombreuses matières premières. Les conséquences de l’envolée des cours du pétrole se font déjà sentir à la pompe, mais pas encore celles liées à la hausse des coûts de plusieurs métaux. Pourtant, les futurs acheteurs de voitures neuves pourraient, à terme, payer la facture alors que les records tombent les uns après les autres sur les cours du nickel, utilisé dans les batteries des véhicules électriques ou pour fabriquer de l’acier inoxydable, mais aussi sur ceux de l’aluminium, utilisé dans les carrosseries des véhicules, ou encore du palladium qui est indispensable pour les pots d’échappement catalytiques.
Concrètement, les métaux ne sont pas encore ciblés par les sanctions occidentales, mais certains fournisseurs de pièces automobiles évitent déjà les produits russes par anticipation. Or la Russie représente 40 % de la production mondiale de palladium, contre 6 % pour l’aluminium et 5 % pour le nickel (20 % pour le nickel raffiné), tandis qu’elle est le cinquième producteur mondial de minerai de fer.
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Vers une hausse du prix des batteries pour véhicules électriques ?
Benjamin Louvet, gérant matières premières chez OFI AM cité par le journal Les Échos Investir, rappelle ainsi que « la Russie est le troisième producteur mondial de nickel et le premier producteur de produits primaires de nickel » comme le nickel raffiné utilisé dans les batteries de véhicules électriques. Or ce mardi 8 mars, la bourse des métaux de Londres (London Metal Exchange) a suspendu la cotation du nickel, pour au moins une journée, après une flambée de 250 % en deux jours qui lui a fait franchir le seuil symbolique et inédit des 100 000 dollars la tonne.Alors que les constructeurs automobiles multiplient les investissements à coups de milliards pour électrifier leurs gammes, une augmentation du prix des batteries pour véhicules électriques pénaliserait particulièrement les constructeurs occidentaux, au profit de leurs concurrents chinois. Benjamin Louvet indique que, pour l’instant, « les principaux producteurs de métaux du pays ont été épargnés par les sanctions, mais beaucoup d'entreprises de ce secteur sont dirigées par des oligarques proches de Vladimir Poutine ». Si des sanctions étaient adoptées, il affirme que « cela ferait monter le prix des batteries et donnerait un avantage considérable aux fabricants chinois qui devraient, eux, conserver un approvisionnement intact ».
Cité par Reuters, Caspar Rawles, du cabinet de conseil spécialisé Benchmark Mineral Intelligence (BMI), ajoute que le nickel est « la principale préoccupation de la chaîne d’approvisionnement des batteries », alors que le lithium atteint déjà « des prix record », tandis que les prix du cobalt sont également « très, très élevés ».
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Les constructeurs allemands sous pression

En parallèle, la Russie est le premier fournisseur de métaux d’un pays comme l’Allemagne, puisqu’elle fournissait, en 2020, 44 % des importations allemandes de nickel, 41 % de son titane ou encore 18 % de son palladium. Les constructeurs automobiles allemands pourraient donc particulièrement pâtir de la situation, sachant que leurs fournisseurs ukrainiens de faisceaux électriques ont également arrêté leur production. Parmi les solutions envisagées, BMW a par exemple déclaré vouloir mieux recycler le nickel contenu dans les batteries de voitures électriques. Les batteries du nouveau SUV iX utilisent ainsi jusqu’à 50 % de déchets de nickel.