Voiture moyenne 2013 : les Français achètent des voitures toujours plus chères
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Voiture moyenne 2013 : les Français achètent des voitures toujours plus chères

C'est à n'y rien comprendre. Le contexte économique est menaçant, les ventes chutent. Mais la Voiture Moyenne n'est sage qu'en apparence : elle réduit sa puissance, son poids, sa consommation. Pas son prix : 23 407 €, en augmentation de 921 € en un an.

Par Xavier Chimits
Publié le Mis à jour le

Le prix de la Voiture Moyenne 2013 a augmenté de 921 € en un an.

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Le chômage augmente en France. Les impôts aussi. Le poids de la dette dans les finances publiques assombrit l’avenir économique du pays. Le marché des voitures neuves a reculé en 2013 (1,790 million d’unités) de 6% par rapport à un cru 2012 déjà catastrophique (– 14 %). Ce qui est logique, dans ce contexte.

Et la Voiture Moyenne de France ? Elle va très bien, merci : son prix a encore augmenté de 921 € en 2013, après une hausse de 1305 € en 2012 !

Est-ce à dire qu’elle continue à danser malgré la crise, comme en 2012 où elle avait fait craquer toutes ses coutures (prix, puissance, gabarit, poids) ? Non, pas tout à fait. C’est plus subtil.


La Voiture Moyenne évolue

En apparence, la Voiture Moyenne de France n’est pas indifférente à l’humeur économique. Par rapport à 2012, elle a réduit sa cylindrée (1530 cm3) de 42 cm3, reprenant ainsi une pente plutôt constante depuis une décennie (1705 cm3 en 2003).

Baissé sa puissance aussi (108 ch), mais légèrement (– 2 ch) puisque l’arrivée des turbos sur les moteurs à essence leur permet de diminuer la cylindrée sans attenter au brio.

Elle a aussi contenu sa taille (4,20 m, – 1 cm) et son poids (1266 kg, – 17 kg). Enfin, elle continue à consommer de moins en moins, comme chaque année depuis 2007 : de 5,5 l/100 km à 4,7 l en 2013, soit 0,2 l/100 km épargnés depuis 2012.

Jusque-là, tout va bien : le portrait d’une Voiture Moyenne raisonnable, responsable et citoyenne, qui sait affaler la voilure quand le temps tourne à l’orage.


Moins de voitures, mais plus chères

Mais l’analyse du prix moyen brouille cette sage image : 4% de plus, en une année 2013 où l’inflation fut quasi nulle. Ce dérapage n’est pas dû à un transfert de la demande vers des catégories haut de gamme.

Excepté les petits tout-chemin, qui ne sont pas les plus chers, les segments du marché automobile ont connu en 2013 une baisse des ventes, et de manière encore plus prononcée pour ceux qui pratiquent des prix élevés : familiales (– 18%), tout-chemin de luxe (– 29%), grandes routières (– 33%), coupés (– 35%), grands monospaces (– 37%).

L’explication est donc ailleurs : un renchérissement de la Voiture Moyenne dans chaque catégorie ou presque, puisque seuls cabriolets et petits tout-chemin échappent à la règle.

Ce renchérissement est modéré chez les ludospaces (+ 2 %) et les polyvalentes (+ 3 %), premier segment du marché français, donc soumis à forte concurrence. Pas chez les citadines (+5%), grands monospaces et tout-chemin de luxe (+ 6 %), petits monospaces et tout-chemin compacts (+ 7 %), compactes et coupés (+ 8 %) ou monospaces compacts (+ 9 %).

Les prix se sont même envolés chez les familiales (+11%) qui sont de plus en plus souvent des breaks, et les grandes routières (+ 13 %).


De l’achat utile au futile

Les Français ne privilégient pourtant plus la taille et la puissance de leur véhicule, comme jadis. Leur priorité a changé. Ils préfèrent désormais un moteur de moindre cylindrée, voire descendre d’une catégorie, mais monter sur l’échelle des finitions pour enrichir l’équipement (GPS, écrans multimédias) et la personnalisation (teintes dissociées, feux de jour à diodes) de leur voiture.

Au final, les constructeurs s’y retrouvent : ils vendent moins, mais plus cher. Une catégorie est devenue l’emblème de cette mutation : les petits tout-chemin (Renault Captur, Peugeot 2008, Opel Mokka, Mini Countryman...).

Tous les segments sont en baisse en 2013. Sauf eux : 114 858 ventes contre 36 980 en 2012, soit une augmentation de 221% ! Un petit-tout chemin ne constitue pourtant pas un achat de raison : à taille quasi égale, une polyvalente rend les mêmes services pour 4 700 € de moins, et un minispace loge une petite famille pour 1 500 € de plus.

L’automobile n’a jamais été et ne sera jamais un achat de pure raison. Tant mieux. Mais l’émergence des petits tout-chemin et l’augmentation du prix de la Voiture Moyenne prouvent que la tentation de l’achat futile l’a emporté en 2013 sur celle de l’achat utile.

Étrange constat en une époque de récession économique larvée. Le double phénomène enregistré en France en 2013, ventes automobiles à leur plus basse marée depuis 1997, prix de la Voiture Moyenne au plus haut niveau jamais atteint, est donc le reflet d’un pays coupé en deux par la crise.

D’un côté, ceux qui n’ont plus les moyens d’acquérir un véhicule neuf. De l’autre, ceux qui achètent des voitures de plus en plus chères. Jusqu’à quand la situation pourra-t-elle durer ? L’automobile n’est que le miroir de cette inégalité. La question dépasse sa sphère.