VW. En conflit avec les syndicats, Herbert Diess sur la sellette ?
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VW. En conflit avec les syndicats, Herbert Diess sur la sellette ?

Les relations entre les puissants syndicats allemands du groupe Volkswagen et Herbert Diess, son patron, sont tendues. Alors que celui-ci doit présenter un plan d'investissement le 9 décembre, ses méthodes de management sont remises en cause et son avenir à la tête du groupe serait en discussion.

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Herbert Diess, président du directoire de Volkswagen AG, lors de l'assemblée générale annuelle organisée le 22 juillet 2021

EYECATCHME.Photography

Le 9 décembre 2021, Herbert Diess, patron du groupe Volkswagen, doit présenter un plan d’investissement quinquennal baptisé « Vision 2030 », faisant le point sur l’avenir de chaque usine du constructeur allemand. Même si l’entreprise a démenti une suppression imminente de 30 000 emplois, qui avait été évoquée lors d’une réunion du conseil de surveillance, la tension était palpable ce jeudi 4 novembre, lors d’une réunion du personnel qui s’est tenue – pour la première fois depuis deux ans – à l’usine de Wolfsburg devant des milliers de salariés.
Il faut dire que, dans un premier temps, Herbert Diess avait annoncé son absence ce jour-ci pour se rendre à une réunion d’investisseurs aux États-Unis, ce qui avait braqué les représentants syndicaux. À cela s’ajoute la révélation de Business Insider début novembre : la direction envisagerait d’importer de Chine – pour le marché européen – le SUV ID.6 électrique à 7 places, au lieu de le produire sur le Vieux continent, ce qui serait une première.

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Herbert Diess critiqué pour ses méthodes et sa communication

Daniela Cavallo, nouvelle représentante du personnel du groupe Volkswagen, est la première femme à occuper ce poste. Il s'agit de la plus puissante syndicaliste d'Allemagne.
Pointant notamment ses méthodes de management et sa façon de communiquer sur les réseaux sociaux, Daniela Cavallo, nouvelle représentante du personnel et réputée plus puissante syndicaliste d’Allemagne car elle défend les intérêts de plus de 650 000 employés, a ainsi été ovationnée lors de cette réunion du personnel, alors que Herbert Diess n’a pas été applaudi. Selon l’agence Reuters, elle a déclaré en faisant notamment allusion à un Tweet posté en juillet dernier : « Vu la façon dont vous vous êtes présenté ces derniers mois, je me demande si vous êtes réellement au courant de la situation sur notre site ici et comment cela est perçu par les travailleurs ».
Elle a également parlé du volume de production historiquement bas de l’usine causé par la pénurie de semi-conducteurs. « La vérité, monsieur Diess, est que la direction n'est pas capable d'alimenter les capacités que notre usine est en mesure de produire », alors que « d'autres constructeurs s'en sortent mieux », rapporte le journal Les Echos. Selon l’AFP, Daniela Cavallo a enfoncé le clou avec cette phrase cinglante : « Vous nous fournissez régulièrement de jolies photos de vos voyages, mais malheureusement toujours pas de semi-conducteurs ».



Tesla, principale menace pour Volkswagen ?

La Volkswagen ID.6 destinée au marché européen pourrait être importée de Chine pour être vendue sur le Vieux continent au lieu d'y être produite, ce qui serait une première pour la marque.
« Je m’inquiète pour Wolfsburg », berceau allemand du groupe et usine principale de la marque Volkswagen, alors qu’une « concurrence jamais vue nous attend », a déclaré Herbert Diess lors de cette réunion. Faisant référence à la « productivité impressionnante » prévue dans la nouvelle usine de Tesla en Allemagne, qui devrait être capable de fabriquer une voiture en 10 heures contre 30 heures pour la plus grande usine électrique de Volkswagen située à Zwickau, il prône « une révolution chez VW ».
Selon lui, cette révolution doit passer par le projet « Trinity », qui prévoit la fabrication de plusieurs voitures électriques et connectées à partir de 2026, au prix d’une vaste réorganisation du site industriel de Wolfsburg d’ici 2030. Alors que Herbert Diess considère Tesla comme son principal concurrent, Daniela Cavallo a demandé qu’un premier modèle électrique soit produit à Wolfsburg « bien avant Trinity ».

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Le patron sur la sellette ?

Wolfsburg est le berceau historique du constructeur allemand.
Depuis sa prise de poste en 2018, ce n’est pas la première fois que Herbert Diess subit la défiance des représentants syndicaux, même si son mandat à la tête du groupe a été prolongé pour quatre ans en juillet 2021. Au cours de l’été 2020, il avait ainsi dû renoncer à la direction de la marque Volkswagen suite à une lettre ouverte des syndicats dénonçant des « erreurs massives de gestion » dans le cadre du lancement de deux modèles importants.
Après de vives critiques du comité d'entreprise, des « discussions » sont même en cours sur le maintien de Herbert Diess à son poste, a dévoilé mercredi une source proche du conseil de surveillance. Selon Reuters, le patron de Porsche AG, Oliver Blume, le P-DG d'Audi, Markus Duesmann, ainsi que le P-DG de la marque Volkswagen, Ralf Brandstaetter, font office de successeurs potentiels en cas de départ prématuré de Herbert Diess. Toutefois, ce vendredi 5 novembre, les actionnaires majoritaires du groupe, à savoir les familles Porsche et Piech, ont renouvelé, via une déclaration à Reuters, leur soutien au président du directoire du groupe Volkswagen.

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